149 $ d’amende pour avoir filmé un conseil municipal
Chambly interdit depuis décembre la captation d’images
Un citoyen a eu la mauvaise surprise de recevoir par la poste une contravention de 149 $ pour avoir filmé une séance du conseil municipal de Chambly.
« Je ne sais pas comment ils ont eu mon nom et mon adresse parce que personne ne m’a rien dit le jour du conseil », affirme Francisco Moreno.
Pourtant, il a reçu mardi une amende mentionnant qu’il est « interdit lors des séances du conseil de faire de la captation d’images au moyen de tout système d’enregistrement ».
Francisco Moreno n’habite pas Chambly, mais il s’y est rendu le 16 janvier à l’invitation de citoyens du coin opposés au règlement anti-caméra adopté en décembre.
UNE RÉPUTATION
M. Moreno avait mené avec succès l’an dernier la lutte contre un règlement similaire dans l’arrondissement de LaSalle, où il réside.
« Je me plaignais de l’arrogance de Manon Barbe [la mairesse de LaSalle], mais ce n’est rien comparé au maire de Chambly », affirme le citoyen, qui contestera l’amende.
Même son de cloche pour l’opposant politique au maire Denis Lavoie, Patrick Dufresne.
« En fait, le maire ne veut pas que les gens voient son attitude condescendante », dit-il.
M. Dufresne dénonce aussi la présence de deux policiers désormais à chaque conseil. « M. Lavoie se croit dans une cour de justice où on n’a pas le droit de filmer, alors qu’un conseil municipal doit être accessible au public », martèle-t-il.
AVIS DU MINISTÈRE
Dans une lettre datant de juillet, le commissaire aux plaintes du ministère des Affaires municipales avait rabroué l’arrondissement de LaSalle. Il soulignait que le règlement interdisant de filmer « ne semble pas se conformer » à la Loi sur les cités et villes.
Un avis qui ne convainc pas le maire Lavoie. « Tant que rien n’est signé par un juge, ce n’est pas obligatoire », dit-il.
Selon lui, il faut respecter le choix du peuple qui vient de le réélire : « Lors de mon porte-à-porte en campagne, personne ne m’a mentionné ce besoin de filmer. »
Mise au courant de la contravention, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec a tenu à rappeler hier que « l’interdiction [de filmer] brime la liberté de presse et le droit du public à l’information ».
De son côté, le député de Chambly, Jean-François Roberge, n’a pas souhaité s’exprimer afin de ne pas « s’immiscer dans un débat qui relève de l’autonomie municipale ».