Les scientifiques muselés par Trudeau ?
L’ÉNONCÉ
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, s’était engagé à mettre fin au musellement des scientifiques du gouvernement qui régnait à l’ère Harper. Deux ans après son arrivée au pouvoir, a-t-il réussi ? Disons qu’il reste beaucoup de travail à faire.
Dans un engagement de sa plateforme électorale de 2015, le chef libéral promettait notamment de « redonne[r] à la science et aux scientifiques leurs lettres de noblesse ».
Mais un sondage du syndicat des chercheurs fédéraux nous apprenait cette semaine que plus de la moitié des scientifiques de l’Institut professionnel de la fonction publique (IPFPC) estiment toujours faire face à des contraintes quand vient le temps de s’exprimer librement dans les médias ou de répondre aux citoyens.
LES FAITS
Le gouvernement Trudeau a quand même posé plusieurs actions à la suite de sa promesse. Vérifications faites, les députés libéraux ont répété au moins 450 fois en Chambre l’importance de fonder les décisions du gouvernement sur des données scientifiques probantes.
La politique de communication du gouvernement, qui dressait un rideau de fer entre les chercheurs et le public, a aussi été annulée, et des conventions collectives ont été revues à cet effet.
En revanche, les libéraux ont mis près de deux ans à pourvoir le poste de scientifique en chef après avoir fait l’annonce du retour de cette fonction, abolie sous Harper.
Alors, pourquoi 29 % des scientifiques fédéraux se disent-ils encore capables de nommer des cas d’ingérence politique entraînant la diffusion d’un portrait inexact ou trompeur de la réalité ?
Le commentaire d’un répondant au sondage offre une partie de la réponse : « Un certain groupe de gestionnaires reste très à l’aise avec les règles rigides du gouvernement Harper et s’y accroche ».