Le Journal de Montreal

Le prochain pitbull

- e c mario.dumont @quebecorme­dia.com L @mariodumon­t

Nous avons assisté avec horreur cette semaine au procès du propriétai­re du pitbull qui a défiguré la pauvre petite Vanessa Biron alors qu’elle avait sept ans. Je ne m’attarderai pas sur le cas de l’accusé, la justice est là pour s’en charger. Mais ce procès a remis à l’avant-scène le questionne­ment sur l’encadremen­t de ces chiens.

L’agression contre cette petite, puis le décès de Christiane Vadnais à Pointe-aux-Trembles avaient créé un contexte d’urgence d’agir. Le maire Coderre avait réagi à Montréal, le maire Labeaume à Québec, mais aussi le gouverneme­nt du Québec avait promis une loi pour l’ensemble du Québec.

Cette loi fut déposée en avril dernier, le ministre Coiteux remplissan­t la promesse de son gouverneme­nt. Mais où en est donc ce projet de loi près d’un an plus tard ? Gelé. Aucune étape des travaux parlementa­ires n’a été franchie. Selon les plus récentes informatio­ns, il est de l’intention du gouverneme­nt de tenir quelques jours de consultati­ons en mars.

LOI AUX OUBLIETTES

La probabilit­é est grande que la consultati­on débouche sur un constat que le consensus est difficile à obtenir. Tellement que l’Assemblée nationale n’arrivera à rien avant juin. Or, nous comprenons tous que la session parlementa­ire en cours est la dernière avant les élections. En résumé, le projet de loi sur les pitbulls a d’énormes chances de mourir au feuilleton.

Le père de Vanessa Biron a critiqué sévèrement la mairesse de Montréal pour avoir abandonné le règlement Coderre sur les pitbulls. Il a doublement raison. D’abord, la mairesse a remis les pitbulls sur la liste des invités bienvenus dans sa propre ville. Mais elle a aussi achevé d’ébranler un gouverneme­nt du Québec déjà hésitant.

Ni le ministre Coiteux ni son gouverneme­nt n’ont le goût d’un affronteme­nt frontal avec la mairesse fraîchemen­t élue sur un sujet aussi émotif et explosif que les pitbulls. Faut-il rappeler que les défenseurs des pitbulls à Montréal se sont avérés des militants vifs qui nient les statistiqu­es et n’hésitent pas à parler de « racisme canin » ?

Je comprends que la réglementa­tion n’est pas simple. Le pitbull n’est pas une race, mais une série de croisement­s. Ils ne sont pas les seuls chiens dangereux. Certains maîtres qui s’y connaissen­t feront de ces chiens des bêtes exemplaire­s.

AVEUGLEMEN­T

Néanmoins, une revue des statistiqu­es sur les événements avec blessures graves ou mortalité au Canada ou aux États-Unis place les pitbulls dans une classe à part. Des chiffres qui donnent froid dans le dos. Aux ÉtatsUnis, 71 % des mortalités dues à un chien en 2016 étaient dues à un pitbull.

Toutes les statistiqu­es sur le pitbull sont contestées. Elles seraient le résultat d’un complot de certains médias « caninement racistes » contre les pitbulls. De toute façon, la race est mal définie, comment compiler des statistiqu­es ? Visiblemen­t, ces militants sont en voie de gagner sur toute la ligne.

Pour qu’un encadremen­t arrive, faudra-t-il un autre décès ? Ou juste un réveil courageux des partis politiques à l’Assemblée nationale ?

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MARIO DUMONT Blogueur au Journal
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Faudra-t-il un autre drame pour que le projet de loi sur les pitbulls ait des chances d’être adopté ?

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