Casser les préjugés pour attirer les jeunes
Le taux de postes vacants s’élève à 1,8 % pour le secteur finances, assurances et services immobiliers
Malgré des salaires alléchants, près de 19 200 postes sont demeurés vacants au dernier trimestre de 2017 dans le secteur des finances, assurances et services immobiliers, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
Si on hésite à parler de « pénurie », l’enjeu de la main-d’oeuvre reste la priorité pour nombre d’employeurs oeuvrant dans ce secteur.
Avec un salaire moyen annuel de 40 256 $ pour un détenteur d’un diplôme d’études collégiales, le secteur de l’assurance en particulier offre de belles possibilités de carrière dans plusieurs domaines, comme les technologies de l’information où l’on joue du coude pour dénicher des travailleurs.
« Les besoins sont majeurs dans notre industrie actuellement. Dans la région de Québec et de Lévis, où le taux de chômage est très bas, on s’arrache tous le même monde », affirme Daniel Roussel, directeur général de Puissance Onze.
Les compagnies d’assurance ont vu poindre le problème de loin. En 2007, les compagnies d’assurance de la région de Québec ont senti le besoin de se regrouper sous l’égide de Puissance Onze afin de promouvoir les perspectives de carrière dans l’industrie. Comptant dix sièges sociaux de compagnies d’assurance sur son territoire, Québec est désignée comme la « Hartford du Nord », avec ses 11 000 employés.
Selon M. Roussel, les préjugés constituent l’un des obstacles au recrutement. L’image du vendeur d’assurance en complet brun avec son porte-documents a la couenne dure.
« Il faut changer les perceptions parce que c’est totalement l’inverse. C’est un monde de femmes à 65 %. Il faut changer cette image, car les chercheurs d’emploi ne nous mettent pas sous le radar », dit-il.
PERCEPTIONS NÉGATIVES
Roxanne Hébert, responsable des communications et de la coordination à la Coalition pour la promotion des professions en assurance de dommages abonde dans le même sens.
« Si on a un enjeu de recrutement, c’est entre autres à cause de l’image des professions. Il y a encore des perceptions négatives. Les gens pensent qu’il s’agit de professions routinières, ennuyantes et qui offrent peu de débouchés, ce qui est totalement faux. Il faut valoriser l’image des professionnels qui oeuvrent dans l’industrie », affirme-t-elle.
Bien que la croissance soit au rendez-vous, il reste que les joueurs de l’industrie souhaiteraient avoir plus de facilité à recruter.
« On a une amélioration, mais il reste que les conditions de travail offertes par l’industrie demeurent méconnues », ajoute Mme Hébert.
Au cours de sa carrière, Shirley Brown a gravi les échelons un à un pour arriver au poste de vice-présidente Ressources humaines et développement organisationnel pour La Capitale groupe financier. Elle a débuté comme étudiante à la réception en 1988.
« Avant, on attendait l’arrivée des CV et on choisissait. Maintenant, il faut aller au-devant. Ce n’est pas rare en entrevue que l’interviewé devienne l’interviewer. Les plus jeunes ont vraiment une façon différente d’aborder le milieu du travail », dit-elle. Entre 50 et 100 postes par année sont à pourvoir au sein du groupe.
« On réussit à pourvoir nos postes assez rapidement, sauf pour des emplois très spécialisés qui représentent un enjeu », ajoute la VP, qui cite les postes d’experts en sinistre et en gestion d’invalidité en guise d’exemples.
TÊTE-À-TÊTE AVEC LE PRÉSIDENT
Le candidat idéal, décrit Mme Brown, est assurément une personne qui démontre une facilité à s’adapter au changement et à travailler en équipe, car le domaine de l’assurance, comme celui des banques, n’est pas à l’abri de la révolution numérique.
Avec un taux de roulement du personnel de 4,34 %, l’organisation a développé une soixantaine de programmes de reconnaissance des employés qui portent leurs fruits. De plus, une fois par mois, le président, Jean St-Gelais, invite une vingtaine d’employés à dîner pour rester en contact avec la base, un exercice qui semble très apprécié.