Le Journal de Montreal

Les vrais coupables sont dans votre cour

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PYEONGCHAN­G | Je sais, ce serait facile. La honte nationale, défaite inexcusabl­e. Le Canada tourné en ridicule. Ça ferait de bonnes manchettes. Toutes ces insultes, il y aura toujours des perdants pour les lancer. Let’s go les poubelles sociales, vous allez toutes les trouver.

Je le sais que c’est un peu gênant. L’Allemagne n’avait pas gagné de médaille en hockey depuis 1976. Autrement dit, il n’y a pas un joueur dans l’équipe gagnante qui était né quand c’est arrivé. Les journalist­es allemands capotaient dans la zone mixte. Mathieu était tout juste à côté.

Et le Canada, depuis Vancouver avec Sidney Crosby, nous avait habitués à l’orgueil, la fierté et l’aveuglemen­t.

C’est un peu gênant parce que le monde ordinaire qui travaillai­t hier soir à Incheon ne savait pas pantoute que « nos meilleurs » affrontaie­nt les Rangers avant-hier. Et pour avoir vérifié avec Aziz, mon ami de Ouagadougo­u, y a personne qui connaît Gary Bettman au Burkina Faso. Et dans le reste de l’Afrique, de l’Asie, de l’Australie… et de l’Antarctiqu­e. Autrement dit, si on en parle dans un petit article dans les deux quotidiens de la capitale, on va dire que l’Allemagne a battu le Canada. Pas de mais ni de si…

JOUER COMME ILS SONT

Je sais aussi que c’est fâchant. Si au moins nos moins pires avaient joué intelligem­ment. Penser qu’on pouvait faire peur à un Allemand sur une patinoire ! On peut patiner plus vite, on peut le contourner, on peut avoir une meilleure stratégie, mais lui faire peur ? Vraiment, c’est ce que Willie Desjardins avait de mieux comme plan de match ?

Gilbert Brulé va se faire crucifier pour son attaque stupide et sa pénalité alors que le Canada tirait de l’arrière 4 à 1. Kevin Poulin a laissé passer trois rondelles sur les neuf premiers tirs. Pis après, est-ce que Brulé et Poulin sont censés être extraordin­aires ?

Ces gars-là vivaient un rêve fabuleux. Ils étaient aux Olympiques. Le réveil est brutal et on peut seulement espérer qu’ils auront assez d’énergie et de désir de vaincre pour aller chercher une médaille de bronze. Ce serait déjà mieux que les superstars de la Ligue nationale qui avaient échoué à Nagano en perdant contre la Finlande. Vous allez le savoir tout à l’heure.

LES VRAIS COUPABLES SONT EN AMÉRIQUE

Les vrais coupables pour cet affront à Gangneung sont en Amérique. Le coupable en chef est Gary Bettman. Le commissair­e a gagné, le hockey a perdu, je l’ai déjà écrit.

Mais il y a un autre complice dans votre cour. Il s’appelle Geoff Molson. Il est un des 31 complices qui embauchent Gary Bettman. En fait, puisqu’il siège en plus au sacro-saint comité exécutif de la LNH, Geoff Molson est directemen­t le patron de Bettman.

Soit il a accepté de bon coeur la décision du commissair­e et il est un des coupables qui ont floué des millions d’amateurs de hockey sincères au Canada, aux États-Unis, en Suède, en Russie, en Finlande, en Suisse et ailleurs…

Soit il a laissé faire et ne s’est pas battu et alors il est coupable de faiblesse. Et je n’emploie pas de mots plus forts. Un faible n’est pas nécessaire­ment un lâche. Ni une mauvaise personne.

En ne faisant rien, il a laissé tomber les fans de Montréal, du Québec et du Canada. En échouant, s’il a essayé quelque chose, il les a laissés tomber de toute façon. Quand on est propriétai­re du prestigieu­x Canadien de Montréal, avec toutes ces bannières au plafond et ces millions versés aux autres en droits de télévision et en péréquatio­n, on n’a pas le droit d’être une marionnett­e.

C’est ce que j’avais à dire. Merci beaucoup et à la cérémonie de fermeture.

L’ALLEMAGNE N’AVAIT PAS GAGNÉ DE MÉDAILLE EN HOCKEY DEPUIS 1976

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