Les licornes de Marc Bergevin
Marc Bergevin avait osé comparer la situation de son équipe à celle du Lightning de l’an dernier, lors de son bilan de mi-saison. Privés de Steven Stamkos pendant 62 matchs, les Floridiens avaient raté les séries… avant de rebondir de brillante façon cette année.
« Le Lightning n’a pas fait grandchose cet été. Steven est revenu, et l’équipe est en tête de la LNH. Ça ne prend pas grand-chose pour changer une équipe d’un côté à l’autre », avait déclaré le directeur général du Canadien, le 7 janvier.
Il ne serait pas surprenant qu’il serve encore cette sauce lors du point de presse qui suivra l’heure limite des transactions, demain, avant la visite des Flyers de Philadelphie.
Il nous dira que son équipe a été privée de Shea Weber pendant la majeure partie de la saison et que, même lorsqu’il était en uniforme, le défenseur de 32 ans était ralenti par une blessure au pied gauche.
Il ajoutera ensuite que Carey Price a également raté des matchs en raison de blessures. D’ailleurs, sa saison est-elle terminée ?
PROFONDEUR
Tout ça pour dire que si la majorité des comparaisons sont boiteuses, celle-ci ne tient absolument pas la route. Même quand on porte des lunettes roses, il est conseillé de ne pas croire aux licornes.
Oui, le retour de Stamkos (et de Ryan Callahan limité à seulement trois matchs après le 27 novembre, la saison dernière) a eu un impact certain sur le revirement de situation. Mais il faut voir plus loin.
Le Lightning, c’est d’abord et avant tout une formation qui mise sur une base solide.
La preuve, en l’absence de ces deux piliers, le Lightning a raté les séries par un seul point. Pas par près de 30 points comme ce sera le cas pour le Canadien ce printemps.
« Malgré les blessures, nous sommes venus près de participer aux séries. Quand tu les rates par un point, tu te dis qu’un mauvais bond ici et là a pu faire la différence », a expliqué Tyler Johnson, en entrevue avec Le Journal de Montréal.
« Si on avait réussi à se faufiler, on aurait fait un bon bout de chemin. C’est pourquoi on savait, au moment d’amorcer la présente saison, que nous avions une très bonne équipe. Il ne restait qu’à nous mettre au travail », a ajouté l’attaquant.
Si le Lightning était si confiant, c’est qu’il mise sur une plus grande profondeur que le Tricolore. L’an dernier, les Nikita Kucherov (85 points), Victor Hedman (72 points) et Ondrej Palat (52 points) ont pris le relais.
Ce ne fut pas le cas cette saison chez le Canadien.
RELÈVE INCOMPARABLE
De plus, la relève du Lightning est solide. Chaque saison apporte son lot de nouveaux visages. Des jeunes joueurs qui contribuent immédiatement aux succès de l’équipe.
« C’est certain que leur retour nous aide, mais il y a d’autres joueurs qui font une différence. Des gars comme Yanni Gourde et Brayden Point ont connu une certaine éclosion l’an dernier. Et cette année, ils ont un impact direct sur nos succès », a analysé Alex Killorn.
« Ils jouent très bien pour nous. Tout comme (Mikhail) Sergachev », a pris soin d’ajouter l’ancien joueur des Lions du Lac-Saint-Louis.
Pendant ce temps, la pépinière du Canadien semble vide. Victor Mete, Nikita Scherbak et Noah Juulsen semblent avoir un avenir prometteur. Toutefois, aurontils un impact aussi grand que les jeunes du Lightning ? Il est permis d’en douter.
D’ailleurs, au cours des six dernières saisons, le club-école du Lightning a remporté une coupe Calder, en plus d’atteindre la finale à deux autres occasions. Au cours du même laps de temps, celui du Canadien n’a pris part qu’à une ronde de séries éliminatoires.
Bref, le retour en forme de Weber et de Price aidera le Canadien à lutter pour une place en séries, mais tant que le Tricolore ne pourra miser sur une ligne de centre et une brigade défensive digne de ce nom, Bergevin ne pourra comparer sa situation à celle du Lightning.