Le Journal de Montreal

La médaille des joueurs de l’ombre

Que L’édition 2018 d’Équipe Canada a mieux fait celles de Turin et de Nagano

- Mathieu Boulay MBoulayJDM

GANGNEUNG | « Aujourd’hui, on savoure moins cette médaille. Toutefois, dans 10, 15 ou 20 ans, avec nos familles et nos enfants, on va toujours se souvenir de ce moment-là. Je n’ai jamais pensé que je gagnerais une médaille olympique un jour. »

Ces paroles, ce sont celles de Maxim Lapierre, quelques minutes après la victoire de 6 à 4 du Canada contre la République tchèque pour l’obtention de la médaille de bronze. Elles résument bien le sentiment de fierté de tous les joueurs de l’équipe canadienne.

On se rappellera toujours que le Canada a fini au troisième rang lors des Jeux de Pyeongchan­g, qui ont été marqués par l’absence des joueurs de la LNH. Toutefois, peu de gens se souviendro­nt que la bande à Willie Desjardins aura mieux fait que les formations canadienne­s qui ont sauté sur la glace à Turin en 2006 (7e) et à Nagano en 1998 (4e). Personne ne pourra leur enlever.

Il faut lever notre chapeau devant cette équipe formée seulement quelques mois avant la première mise au jeu du 15 février. Pour la majorité de ces joueurs, c’était la chance d’une vie, et ils l’ont saisie.

« C’est le plus gros accompliss­ement de ma carrière, a mentionné Maxim Noreau, avec sa médaille au cou. J’ai vu mes parents en train de pleurer dans les gradins. C’est spécial parce qu’on n’aurait jamais cru être capable de réaliser une telle chose. »

NE PAS AVOIR DE REGRETS

On se souviendra que la cuvée olympique de 2018 avait du caractère. Au fil des années, les formations canadienne­s ont souvent baissé les bras lorsqu’elles voyaient que la médaille d’or n’était plus accessible. Ce n’est pas arrivé en Corée du Sud.

« On ne voulait pas avoir de regrets dans 20 ans, a ajouté Noreau. On ne souhaitait pas qu’on se dise qu’on aurait gagné l’or en travaillan­t plus fort en demi-finale. On voulait être fiers de notre effort et repartir d’ici avec une médaille. »

Non seulement ils ont réussi leur mission, mais ils l’ont fait avec panache. Même si la défaite contre l’Allemagne a été difficile à avaler, les représenta­nts ont su trouver une source de motivation pour finir le tournoi sur une bonne note.

« Ça prenait du caractère de revenir et de gagner cette médaille, a précisé Lapierre. Ça n’a pas été facile mentalemen­t après notre revers contre l’Allemagne, mais les gars la voulaient.

Ç’a été un parcours spécial pour tous les joueurs parce qu’on ne pensait jamais venir aux Olympiques. C’est juste incroyable. »

BRAS DE FER PRISE 2

Le président de l’IIHF, René Fasel, a annoncé hier qu’il avait l’intention d’avoir des négociatio­ns avec les bonzes de la LNH au sujet de la présence des meilleurs joueurs au monde aux Jeux de Pékin, en 2022.

On se demande si ce nouveau bras de fer entre Fasel et Gary Bettman ne sera pas inégal. À Pyeongchan­g, Bettman a fourbi ses armes en prévision des prochains Jeux d’hiver. Les cotes d’écoute et les assistance­s lui ont donné les arguments pour faire plier Fasel.

La présence de la LNH est devenue impérative pour faire lever le tournoi olympique. Malgré l’effort de tous les joueurs en Corée du Sud, le spectacle a été moins relevé et on n’a jamais senti l’intensité des cinq précédents JO.

Bettman a gagné son pari et il pourra esquisser un large sourire lorsqu’il rencontrer­a Fasel dans quelques mois. Un sourire triomphant.

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PHOTOS BEN PELOSSE Le gardien Kevin Poulin et ses coéquipier­s du Canada se sont emparés du bronze.

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