Deux des accusés du meurtre de son fils sont acquittés
La mère de la victime a perdu connaissance lorsque le jury a rendu son verdict
« DÈS QUE MA MÈRE A ENTENDU QU’ILS ÉTAIENT LIBÉRÉS, ELLE A PERDU LA TÊTE, ELLE S’EST EFFONDRÉE. » – Behice Yanar, soeur de la victime
La mère d’un Montréalais tué par erreur a perdu connaissance, hier, lorsque deux des hommes accusés du meurtre de son fils ont été déclarés non coupables.
« Dès que ma mère a entendu qu’ils étaient libérés, elle a perdu la tête, elle s’est effondrée », a raconté Behice Yanar, la soeur de la victime, alors qu’elle se trou- vait au chevet de sa mère à l’hôpital.
« Ils ont tué mon frère et ils sont libres. Mon frère vient d’être tué une deuxième fois par la justice », a lancé Mme Yanar avec indignation.
Marlon Henry et Rakesh Jankie ont été acquittés, hier, du meurtre de Fehmi Sen, un Montréalais de 28 ans abattu par balle il y a près de cinq ans au parc Kent, dans le quartier Côte-des-Neiges.
HISTOIRE DE COEUR
Le jeune homme, qui n’avait aucun antécédent judiciaire, a été la victime innocente d’une tragique erreur sur la personne survenue à la suite d’une dispute.
« Avec toutes les preuves que [les membres du jury] avaient, je ne comprends pas comment ils ont pu prendre cette décision », a déploré Behice Yanar en manifestant sa volonté que la Couronne fasse appel.
Selon la poursuite, un conflit a éclaté entre Marlon Henry, Rakesh Jankie et deux autres hommes en mai 2013 au sujet d’une histoire de coeur, puisque l’ex-copine d’un des accusés sortait avec l’un des deux autres individus.
Fehmi Sen n’était pas sur place lors de cette altercation. Il s’est toutefois retrouvé dans le parc le lendemain, avec l’un des hommes impliqués dans la dispute avec les accusés.
Un véhicule Lincoln Navigator est alors passé devant eux. Fehmi Sen a été atteint au torse par balle et est décédé peu après à l’hôpital.
Henry et Jankie, tous deux âgés de 28 ans, ont été arrêtés en décembre 2013 en lien avec cette affaire, tout comme deux autres hommes.
Shorn Carr, 35 ans, a plaidé coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire en novembre dernier. Il a demandé d’attendre la fin de ce procès pour tenir les observations sur sa peine.
Quelques jours plus tard, Kshawn Rocque, 26 ans, a plaidé coupable à une accusation réduite de complicité après le fait. Il a été condamné à trois ans et demi de prison.
INCONSOLABLES
Les membres de la famille de Fehmi Sen sont inconsolables depuis le décès du jeune homme. Ils ont passé les cinq dernières années à attendre un verdict qui les aiderait à aller de l’avant.
« Je veux la justice, rien d’autre. Je ne veux pas que d’autres mères pleurent comme moi », avait déclaré la mère de la victime, Hanim Sen, lorsque Le Journal l’avait rencontrée l’an dernier.
Aujourd’hui, la famille du défunt estime que justice n’a pas été rendue.
« Si vous me dites que la justice existe, je dirais que non, a dit hier Behice Yanar. Je viens de voir aujourd’hui que ça n’existait pas. »