Ce coiffeur en a coupé des cheveux depuis 60 ans
L’homme âgé de 77 ans continue de travailler 50 h semaine avec autant de passion
En entrant dans un salon de coiffure du boulevard Sherbrooke en 1958 pour trouver un boulot, Jean-Pierre Pigeon ne se doutait pas qu’il couperait toujours des cheveux 60 ans plus tard.
Ce Montréalais qui vient de fêter son 77e anniversaire dit qu’il travaille toujours avec autant de passion qu’à ses débuts. Son horaire très chargé de 50 heures de travail par semaine ne lui pose pas de problème. Même qu’il se permet rarement plus de deux semaines de vacances par année.
« Ça désorganise la clientèle. Et pour le travail, ça me permet de garder la forme. Si je suis à la maison 48 h, je ne suis pas bien », lance-t-il.
On saisit sa joie de travailler devant l’ambiance bon enfant du Salon Liquide, situé dans un petit centre d’achat de Beaconsfield, dans l’ouest de l’île, où il travaille depuis 57 ans.
« La dernière fois qu’il m’a coiffé ça a fini comme ça », blague son patron, Nick Caruso, pendant l’entrevue, en dévoilant sa calvitie, cachée sous sa calotte.
Deux choses ont convaincu à l’époque Jean-Pierre Pigeon d’opter pour cette carrière : son esprit artistique et, bien sûr, le salaire de 18 dollars la semaine.
1,75 $ LA COUPE
« C’était très bien payé quand même. Les salons étaient aussi toujours à la recherche d’hommes pour pratiquer le métier parce qu’il en manquait beaucoup », se souvient-il.
Une coupe de cheveux pour femme coûtait alors aux alentours de 1,75 dollar, se souvient-il.
La belle époque de la coiffure semble toutefois lui manquer.
« Les gens venaient plus souvent. Avant c’était un rituel. Tous les vendredis, madame arrivait à la même heure avec son tricot ou un gros livre, on l’assoyait sous le séchoir et ça pouvait prendre 1 h 30. Maintenant, les gens n’ont plus le temps », regrette-t-il.
28 CLIENTES
Son record de 28 clientes en une seule journée ne pourrait plus être battu dans de telles circonstances, estime-t-il, puisque chaque client demande son attention complète.
Maintenant, les jeunes préfèrent les cheveux « droits » et surtout, la mode des permanentes s’est visiblement estompée, explique le vétéran coiffeur.
UN PEU PSYCHOLOGUE
« Avant, la mode c’était pour tout le monde, mais maintenant les gens portent davantage ce qui leur convient », nuance-t-il.
D’année en année, le rôle de psychologue du coiffeur a aussi pris de l’importance, selon M. Pigeon, lorsque les couples ont commencé à se divorcer plus fréquemment.
« J’avais plusieurs clientes qui n’avaient personne avec qui parler, alors c’est moi qui jouais un peu ce rôle-là et elles venaient se confier », explique-t-il.
Encore aujourd’hui, plusieurs de ces mêmes clientes viennent encore lui rendre visite.
D’ailleurs, son conseil pour la jeune génération est : « Soyez patients, bâtir une clientèle ça prend du temps. »