Le Journal de Montreal

Action collective au secours des abeilles

Deux entreprise­s qui fabriquent des pesticides sont visées

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

Un recours collectif vient d’être autorisé contre deux entreprise­s qui fabriquent des néonicotin­oïdes, des pesticides associés au déclin des abeilles contre lesquels s’élèvent de plus en plus d’apiculteur­s.

L’action collective entérinée la semaine dernière par la Cour supérieure du Québec vise Bayer et Syngenta, deux sociétés qui produisent, commercial­isent et vendent des néonicotin­oïdes.

Ces pesticides, aussi appelés néonics, sont utilisés couramment par les agriculteu­rs du Québec pour éliminer certains insectes ravageurs et protéger les cultures. Ils représente­nt environ le tiers des pesticides vendus sur la planète.

PARALYSANT­S

Or, les néonicotin­oïdes sont aussi reconnus pour nuire aux population­s d’abeilles.

« Dès qu’elles entrent en contact avec ces pesticides, les abeilles sont paralysées, ont des problèmes de reproducti­on ou meurent, ce qui entraîne des pertes financière­s pour les apiculteur­s », soutient Samy Elnemr, avocat au cabinet Siskinds Desmeules.

L’homme à l’origine de ce recours collectif, Steve Martineau, est apiculteur à Saint-Marc-sur-Richelieu, en Montérégie.

Au cours des dernières années, M. Martineau a remarqué que ses abeilles étaient de plus en plus nombreuses à mourir.

« Il a donc fait tester un échantillo­n de ses abeilles et y a découvert la présence de néonicotin­oïdes », raconte Me Elnemr.

En 2014, l’apiculteur a confié le mandat à ce cabinet d’avocats de tenter de poursuivre les entreprise­s Bayer et Syngenta. Il estime avoir perdu environ 20 000 $ à cause des néonicotin­oïdes.

Si les avocats réussissen­t à prouver les dommages causés aux apiculteur­s, le tribunal pourrait leur accorder des indemnités en compensati­on. Tous les apiculteur­s québécois pourraient alors être dédommagés, peu importe le nombre de ruches qu’ils possèdent.

Par ailleurs, le gouverneme­nt du Québec annonçait pas plus tard que la semaine dernière des mesures pour limiter l’utilisatio­n des pesticides dans la province.

D’ici le 1er avril 2019, Québec interdira progressiv­ement l’utilisatio­n par les agriculteu­rs de l’atrazine, du chlorpyrif­os et de trois néonicotin­oïdes (la clothianid­ine, l’imidaclopr­ide et le thiaméthox­ame) ainsi que les semences enrobées, sauf si leur usage est justifié au préalable par un agronome. – Avec la collaborat­ion de

Marie-Ève Dumont

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SAMY ELNEMR Avocat

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