Le jury décide du sort de celui qui aurait tué sa copine autochtone
Le jury a commencé hier ses délibérations au procès d’un Montréalais accusé d’avoir étranglé à mort sa copine autochtone, à la suite de nombreuses chicanes de couple.
« Kwasi Alfred Benjamin et Nellie Angutiguluk avaient une relation acrimonieuse, il y avait beaucoup de disputes, souvent à propos d’argent. Il se plaignait qu’elle ne contribuait pas assez aux dépenses », avait expliqué le procureur à la Couronne Dennis Galiatsatos au début du procès.
Pour la Couronne, il ne fait aucun doute que Benjamin doit être reconnu coupable du meurtre de Mme Angutiguluk, survenu en 2015 dans leur appartement de Côte-desNeiges, à Montréal.
Kwasi Alfred Benjamin, 32 ans, est accusé du meurtre de Nellie Angutiguluk, une mère de trois enfants âgée de 29 ans et originaire de Puvirnituq, dans le nord du Québec.
« C’est une très petite communauté tissée serrée, principalement inuite, très différente de Montréal, ce sont les grands-parents maternels qui s’occupent des enfants », a expliqué la mère de la victime, lors du procès.
AUTOCHTONE
Pour la défense, Benjamin devrait être acquitté. Pour Me Paul Skolnik, le décès est attribuable à un suicide et non à un meurtre. Lors de son témoignage, Benjamin a juré que sa copine avait déjà tenté de mettre fin à ses jours à deux reprises dans les semaines précédant le drame.
Et à une occasion, Benjamin était intervenu pour l’en empêcher, avait-il dit.
Si jamais Benjamin est déclaré non coupable, ce sera la troisième fois en deux semaines qu’un meurtrier allégué est acquitté du meurtre d’une personne autochtone.
Au début du mois, Gerald Stanley s’en est sorti pour avoir tué par balle le jeune de 22 ans Colten Boushie, en Saskatchewan. Et la semaine passée, au Manitoba, Raymond Cormier a été acquitté du meurtre de Tina Fontaine, une jeune de 15 ans retrouvée morte au fond d’une rivière en 2014.
Ce verdict avait suscité de vives réactions et des manifestations avaient été organisées à travers le Canada.
Dans le cas de Benjamin, la relation avec la victime aurait été acrimonieuse et ponctuée de chicanes. Dans les jours précédant le drame, le couple avait été vu dans des bars en train de se disputer, et la police avait dû intervenir à leur sortie.
Dix jours plus tôt, Benjamin aurait poussé Mme Angutiguluk au sol, en se plaignant qu’elle ne payait pas le loyer. Lors des obsèques de la défunte, il s’était présenté avec sa nouvelle petite amie.
Les jurés, qui sont coupés du monde extérieur, délibéreront jusqu’à ce qu’ils en arrivent à un verdict unanime.