Le Journal de Montreal

De plus en plus de médecins contre les hausses de salaire

Cet argent serait, selon eux, mieux placé pour améliorer le système de santé

- HUGO DUCHAINE

De plus en plus de médecins spécialist­es s’élèvent pour dénoncer les hausses de salaire qui leur ont été accordées par le gouverneme­nt, car ils jugent que cet argent serait mieux investi pour améliorer les soins aux patients.

« Vous me donnerez tout l’argent du monde, mais je n’ai pas l’impression de faire un bon travail actuelleme­nt », a déploré, hier, la médecin spécialist­e et urgentolog­ue de Longueuil Mélissa Ranger à TVA Nouvelles.

Elle fait partie des 250 docteurs et étudiants en médecine qui ont signé une lettre ouverte pour demander l’annulation des hausses salariales consenties par Québec au début du mois.

HAUSSES CHOQUANTES

« Ces augmentati­ons sont d’autant plus choquantes que nos collègues infirmière­s, préposés, commis et autres profession­nels subissent des conditions de travail très difficiles tandis que nos patients vivent avec le manque d’accès aux services requis à cause des coupures draconienn­es [...] La seule chose qui semble être immune aux coupes est notre rémunérati­on », écrivent les Médecins québécois pour le régime public, qui ont signé la lettre.

DES MILLIARDS DE DOLLARS

L’entente conclue entre la Fédération des médecins spécialist­es du Québec (FMSQ) et le gouverneme­nt coûtera environ 2 milliards de dollars en hausses de salaire rétroactiv­es et futures.

D’abord décriée par la population, l’entente est désormais rejetée par des spécialist­es, de plus en plus nombreux, et qui pourtant en bénéficier­aient.

« Ce n’est pas parce que 10 délégués à la Fédération des médecins spécialist­es tiennent absolument [aux hausses salariales] que les 10 000 médecins spécialist­es sont d’accord », a dénoncé la Dre Ranger.

En tant qu’urgentolog­ue, elle voit quotidienn­ement des patients « fâchés et épuisés, pris en otage dans un système déficitair­e », dit-elle.

La Dre Ranger a rappelé que la médecine est un métier qu’elle fait d’abord et avant tout par passion et non pour l’argent.

« Le système de santé est malade », a-telle plaidé, jugeant que cet argent serait plus utile ailleurs.

Elle n’est d’ailleurs pas la seule. Dimanche, les médecins spécialist­es Hugo Viens et Alain Vadeboncoe­ur ont aussi exprimé leur inconfort vis-à-vis de l’entente à l’émission Tout le monde en parle.

Puis, un étudiant en médecine de Québec, Frédéric Cloutier, a exprimé sa « honte » devant les hausses salariales, remettant même en question son choix de devenir docteur dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir la semaine dernière.

DÉSINFORMA­TION

Pour sa part, la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, a accusé les médias de verser dans la désinforma­tion au sujet de l’entente conclue dans un message envoyé à ses membres. Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a quant à lui déclaré que c’était aux médecins de s’entendre entre eux.

« VOUS ME DONNEREZ TOUT L’ARGENT DU MONDE, MAIS JE N’AI PAS L’IMPRESSION DE FAIRE UN BON TRAVAIL ACTUELLEME­NT. » – Mélissa Ranger, médecin

 ?? CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES ?? La médecin spécialist­e et urgentolog­ue Mélissa Ranger fait partie des 250 docteurs et étudiants qui ont signé une lettre ouverte demandant d’annuler les hausses salariales de 2 milliards de dollars accordées aux médecins spécialist­es par le gouverneme­nt.
CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES La médecin spécialist­e et urgentolog­ue Mélissa Ranger fait partie des 250 docteurs et étudiants qui ont signé une lettre ouverte demandant d’annuler les hausses salariales de 2 milliards de dollars accordées aux médecins spécialist­es par le gouverneme­nt.

Newspapers in French

Newspapers from Canada