Un changement de normes qui va leur coûter cher
Près de 50 000 Montréalais doivent changer leur chauffage au bois avant octobre
Des Montréalais craignent de ne bientôt plus pouvoir utiliser leur poêle à bois en raison d’une nouvelle norme qui abaissera le seuil autorisé d’émission de particules fines à Montréal.
De son propre aveu, Michel Pelletier se sert peu de son foyer au bois. Le retraité qui habite son condo dans Rosemont depuis 1984 ne l’utilise que comme chauffage d’appoint ou pour se détendre.
Mais il ne trouve pas normal de devoir s’en passer ou de le faire remplacer avant le 1er octobre, sans aide de la Ville, pour se conformer aux nouvelles normes. Environ 50 000 Montréalais sont dans ce cas et une dizaine d’entre eux ont contacté Le Journal pour afficher leur désaccord.
TOXIQUES
« C’est injuste parce que les villes autour de Montréal n’ont pas toutes les mêmes règles. Or, il n’y a pas de mur pour arrêter la fumée des autres », lance M. Pelletier.
« Je n’aurai pas le choix de changer pour ne pas que mon condo perde de sa valeur », ajoute-t-il.
La Ville de Montréal a décidé, en 2015, d’abaisser dès octobre 2018 la limite d’émission de particules fines de 4,5 à 2,5 grammes par heure pour les systèmes de chauffage au bois. Grâce à cette norme, près de 98 % des éléments toxiques seront éliminés de la fumée des cheminées.
Les particules fines, responsables en grande partie des épisodes de smog, sont émises notamment par les gaz d’échappement et le chauffage au bois.
PAS DONNÉ
« Le but n’est pas de nuire aux gens, mais c’est une question de santé publique », dit l’élu responsable des Services aux citoyens à la Ville, Jean-François Parenteau, qui a un foyer au bois chez lui.
Il reconnaît que les municipalités environnantes n’ont pas toutes des normes aussi exigeantes (voir encadré), mais « il faut bien commencer quelque part », dit-il.
Toutefois, pour Chantal Charette, copropriétaire de la compagnie de ramonage J.P. Charette, la mesure de la Ville est précipitée.
« On n’a rien contre les mesures environnementales, mais il n’y avait même pas de système qui respectait les nouvelles normes à vendre jusqu’à l’an dernier, souligne-t-elle. Je reçois tous les jours des appels de clients inquiets à l’idée de devoir se passer de leur poêle parce que les coûts pour les remplacer sont très élevés. »
Selon elle, l’achat d’un nouveau foyer et son installation peuvent coûter jusqu’à 8000 $.
Une dépense que refuse Dina Desbiens, de Rivière-des-Prairies. « J’ai changé le mien il y a à peine quatre ans pour le mettre aux précédentes normes », clame-t-elle.
Mme Desbiens indique qu’elle l’utilise toute la journée en hiver pour économiser de l’électricité.
« On aime ça, c’est une bonne chaleur, ça sèche mon linge. Et puis, en cas de panne d’Hydro, on n’est pas mal pris », poursuit-elle.
Face à ces inquiétudes, M. Parenteau reste ferme, la mesure sera appliquée dès octobre. L’élu soutient qu’il revient à chaque usager d’évaluer son besoin :
« C’est sûr que si on s’en sert peu, il faut se demander si ça vaut la peine d’investir. » Pour sa part, M. Parenteau a décidé de remplacer son foyer très apprécié par sa famille.
« Mais je vais attendre un peu pour changer parce que les prix baisseront au printemps », dit-il.