Des retards qui menacent la productivité
Les délais décourageants auxquels se heurtent les travailleurs qualifiés qui veulent immigrer dans la province pénalisent la productivité québécoise, selon le président de la Chambre de commerce du Québec.
« C’est certain que cela a un impact sur notre productivité, tranche d’emblée Stéphane Forget. Il y a des contrats qui ne se réalisent pas, il y a des quarts de travail qui ne s’ouvrent pas et des gens qui sont soignés moins vite. »
La situation est d’autant plus déplorable que le Québec connaît une importante pénurie de main-d’oeuvre.
Des métiers aussi variés que mécanicien d’équipement lourd, pharmacien ou ingénieur informaticien présentaient tous des besoins urgents en 2016 et 2017, d’après une liste établie par la Commission des partenaires du marché du travail.
DÉMOGRAPHIE
« On vit une situation particulière avec un taux de chômage très bas et une population en âge de travailler qui fléchit depuis 2015, commente Stéphane Forget. D’ici 2030, on prévoit que la population active au Québec aura baissé de 3 % par rapport à 2010 alors que la moyenne canadienne aura augmenté de 7 %. »
Une étude publiée en novembre dernier par l’Institut du Québec estimait même que 10 000 immigrants de plus par année étaient nécessaires pour faire face à la pénurie.
« Actuellement, on n’a pas un système d’immigration qui répond à nos besoins de main-d’oeuvre, affirme M. Forget. Il faut qu’on fasse du recrutement direct et que l’entreprise puisse dire : “Il y a tel type d’employé qui a les qualifications que je recherche à tel endroit et je vais faire la demande pour que cette personne puisse venir”. »
Si les travailleurs qualifiés étrangers continuent de buter contre des délais trop longs, Stéphane Forget pense qu’ils risquent d’abandonner le Québec.
« La réalité, c’est qu’aujourd’hui, la concurrence est mondiale », résume-t-il.