Le Journal de Montreal

Doublement perdant avec les trains d’Alstom

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Le premier ministre Philippe Couillard fait actuelleme­nt des pieds et des mains pour accorder un alléchant contrat à l’usine de Bombardier de La Pocatière. Il projette notamment de devancer le remplaceme­nt des vieux wagons du métro de Montréal. Si ses démarches se matérialis­ent, cela permettra à l’usine de La Pocatière de survivre.

Et du coup, si tel est le cas, Philippe Couillard aura tenu parole. On se rappellera qu’à la suite de l’octroi du contrat des trains du REM à la multinatio­nale française d’Alstom, le premier ministre s’était personnell­ement engagé à dénicher des contrats afin d’éviter la fermeture de l’usine de La Pocatière.

Cela étant dit, c’est quand même incroyable de voir à quel point la Caisse de dépôt et placement du Québec a mis le gouverneme­nt Couillard dans le trouble en octroyant le contrat des 200 trains du REM à Alstom au lieu de Bombardier Transport.

L’ODIEUX

En agissant de la sorte, la Caisse privait ainsi les 600 travailleu­rs de l’usine de La Pocatière de Bombardier d’un contrat majeur qui allait leur garantir du travail pour des années.

En écartant Bombardier du REM, c’est le gouverneme­nt Couillard qui porte l’odieux de la décision de la Caisse. L’odieux étant le fait de privilégie­r des trains étrangers dans le cadre d’un projet local de 6,3 milliards $, qui sera entièremen­t financé avec nos impôts et nos épargnes.

La direction de la Caisse, elle, ne trouve rien d’anormal à ce que notre REM fasse rouler des trains étrangers aux dépens de ceux de Bombardier Transport, dont elle est par surcroît une actionnair­e majeure.

Pour la Caisse, une seule chose compte : il y a eu appel d’offres, et c’est la société étrangère Alstom qui a gagné. Cela suppose que les trains d’Alstom coûtent un peu moins cher que le prix demandé par Bombardier.

MAUVAIS CALCUL

Quand un projet est entièremen­t financé par nos impôts et nos épargnes comme le REM, étaitce vraiment la meilleure solution que de privilégie­r l’achat de trains étrangers, même s’ils coûtent moins cher ?

À mon avis, la Caisse aurait dû inclure dans ses critères de sélection les retombées économique­s locales que le contrat allait rapporter. Quand vous accordez un contrat à une entreprise locale, les gouverneme­nts (fédéral, provincial, municipal) bénéficien­t de retombées importante­s en impôts sur les salaires des travailleu­rs, en TVQ, en TPS, en cotisation­s sociales, cotisation­s syndicales, etc.

Pour économiser une poignée de millions $ avec Alstom, combien la Caisse nous fera-t-elle perdre en retombées économique­s ? Et je ne calcule même pas les retombées internatio­nales que la Caisse a fait perdre à Bombardier en lui préférant Alstom.

GRANDEMENT PERDANT

Non seulement on y perd grandement en retombées économique­s, mais en plus le gouverneme­nt Couillard se sent « obligé » d’accorder un important contrat à Bombardier Transport dans le strict but d’éviter des mises à pied massives à son usine de La Pocatière.

Ainsi, avec ce contrat de trains octroyé à Alstom, on se retrouve doublement perdant.

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MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

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