Le Journal de Montreal

Il se vide le coeur avant d’écoper de la prison à vie

L’homme a justifié l’assassinat de sa mère et de sa grand-mère par une enfance difficile

- MICHAËL NGUYEN

Un Montréalai­s qui a tué sa mère et sa grand-mère a écopé de la prison à vie, hier, sous les injures des proches des victimes envers le meurtrier qui dit s’être vengé pour son enfance marquée par des abus.

« J’espère que tu vas mourir en dedans, s’est écriée la tante de Christian Pépin, au palais de justice de Montréal. Arrête de jouer à la victime ! »

Debout dans le box des accusés séparé du public par une grande baie vitrée et visiblemen­t en colère, le meurtrier a craché vers sa tante, qui témoignait des conséquenc­es que le double meurtre a eues sur sa vie.

25 ANS

À la suggestion de la procureure Anne-Andrée Charette et de l’avocat de la défense Tom Pentefount­as, la durée de l’emprisonne­ment a été fixée à 25 ans.

Par moments, la cacophonie était telle que les constables ont dû intervenir pour calmer les esprits.

La tragédie est survenue en décembre dernier à la suite d’une fête familiale. Pépin, qui venait de sortir de prison pour une autre affaire, n’avait pas suivi ses proches allés décorer le sapin de Noël pour les Fêtes. Confronté à ce faux pas par sa mère Diane Champagne, il l’a tuée au couteau avant de prendre une pause, puis d’aller assassiner sa grand-mère. Il s’est justifié en affirmant que sa mère lui avait fait vivre une enfance marquée par les abus et la violence.

Quant à sa grand-mère, il lui en voulait, car elle n’avait jamais dénoncé des abus similaires qu’aurait commis le grand-père de Pépin auprès de ses enfants, a-t-il dit.

TUÉ PERSONNE

« Ça te regarde pas. Moi, j’ai fait des thérapies et j’ai tué personne, a répliqué sa tante en faisant référence aux tensions familiales. Elle vient d’une époque où elle a fermé les yeux, comme ben des femmes l’ont fait », a-t-elle réagi.

Dans un monologue où il s’est vidé le coeur, le meurtrier de 35 ans a longuement décrit les scènes de violence qui auraient marqué son enfance. Il a raconté avoir été battu et menacé en livrant de nombreux détails intimes.

« C’est une famille de fous, a-t-il dit à la cour. Je reviens de très, très loin… On ne peut pas se faire justice soi-même, j’ai agi en dégueulass­e. Mais je me suis senti bien. Cette famille-là a des valeurs de pas bons. »

Mais pour les proches des victimes, tout ce qu’a raconté Pépin sont des mensonges.

« Ma mère l’a adoré toute sa vie, il n’a jamais rien voulu faire pour s’en sortir, a dit la soeur de l’accusé. Ce qu’il dit, ce sont des menteries et je trouve ça dur. »

Pépin, qui avait appelé lui-même la police après le drame, a plaidé coupable de meurtres au premier degré la semaine passée. Hier, il a brièvement fait savoir qu’il souhaitait se rétracter, mais il a changé d’avis.

En vertu d’un changement dans la loi, il risquait d’écoper d’une peine record de 50 ans d’incarcérat­ion avant d’être admissible à une libération conditionn­elle.

« C’est un dossier difficile pour vous, pour votre famille, il y a une grande charge émotive, a conclut le magistrat en s’adressant à Pépin. Je vous invite à entreprend­re des thérapies pour atténuer la douleur. »

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PHOTO MARTIN ALARIE La famille des victimes a émotivemen­t assisté hier aux audiences de Christian Pépin, coupable des meurtres de sa mère et de sa grand-mère.
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CHRISTIAN PÉPIN Meurtrier

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