Le cri du coeur d’une mère
Après que son fils s’est enlevé la vie, elle réclame un meilleur accès à la psychothérapie pour les jeunes
QUÉBEC | Persuadée que son fils s’est enlevé la vie en raison d’une dépression non traitée, une mère réclame un meilleur accès à la psychothérapie pour les jeunes.
Il y a six mois, un peu avant 6 h du matin, le fils de Martine Brault a heurté de plein fouet le viaduc surplombant l’autoroute Duplessis, à la hauteur de l’autoroute Charest. L’auto a immédiatement pris feu. Aucune trace de freinage n’a été détectée sur les lieux de l’accident. Patrick Chouinard, âgé de 20 ans, est mort sur le coup, a confirmé le coroner à la mère, qui se console en se disant que son fils aîné n’a pas souffert.
Sans le moindre indice sur l’état de santé mentale de son fils, Mme Brault a questionné ses amis. Ces derniers lui ont fait part de quelques « signaux d’alarme ».
« J’ai appris que ça lui arrivait de rouler toute la nuit, qu’il allait voir un de ses amis lorsqu’il avait un down et qu’ils pouvaient rouler ensemble pendant des heures le temps que ça passe. Ce même ami m’a raconté que 48 heures avant qu’il se tue, mon fils lui a dit qu’il avait passé la nuit sur le tracel de Cap-Rouge [un viaduc ferroviaire] », relate la mère en entrevue au Journal.
Malgré ces « indices », estime la mère, Patrick Chouinard n’a jamais consulté de psychologue. Aujourd’hui, Mme Brault est déterminée à convaincre le gouvernement de donner plus « d’outils » aux personnes souffrant de dépression.
LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ INTERPELLÉ
Dans une pétition déposée le 28 février dernier sur le site de l’Assemblée nationale, Martine Brault interpelle le ministère de la Santé en demandant notamment un accès plus rapide aux psychologues, sans devoir passer par un médecin de famille.
« Dès qu’une personne commence à se sentir moins bien, elle doit appeler son médecin, qui le réfère ensuite à un psychologue du CLSC. Ce processus représente des délais de plusieurs mois, qui ne font qu’aggraver la maladie », déplore la mère endeuillée. Sa pétition a recueilli jusqu’à maintenant quelque 620 signatures.
Selon elle, les services de psychothérapie devraient également être remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
« Ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre de consulter à 130 $ l’heure. Et, ça ne coûterait pas si cher au système de santé [d’ajouter des psychologues à la RAMQ], puisqu’un psychologue n’a pas besoin d’appareils coûteux, c’est deux chaises », mentionne-t-elle.
Mme Brault souhaite également que chaque enfant, du primaire au secondaire, soit rencontré une fois par année par le psychologue de son école.