Les sikhs entre le Khalistan et la charte
Les sikhs seraient 27 millions dans le monde, dont 21 millions en Inde, principalement au Pendjab. Au Canada, ils représentent à peine 1,4 % de la population, mais comptent quatre ministres importants dans le gouvernement de Justin Trudeau.
Dès le début du 20 siècle (voir ma chronique d’hier : bit.ly/2FXw820), ils se sont dotés d’une structure communautaire, basée sur des fondements religieux, dans des temples (gurdwaras) qui servent aussi pour les fêtes religieuses et pour la mobilisation contre la discrimination en immigration.
ON NE BADINE PAS AVEC LA RELIGION
Le racisme dont ils ont fait l’objet les a amenés à s’ériger en champions de la défense des droits. C’est de loin la minorité visible la mieux outillée en la matière.
En 1994, la Cour fédérale avait reconnu à un policier sikh le droit de porter son turban dans la Gendarmerie royale du Canada. C’est le cas aussi pour l’armée canadienne. En 2006, la Cour suprême avait donné raison à un jeune sikh de 12 ans qui exigeait le port du kirpan (dague) dans une école de Montréal.
SE DONNER UN PAYS
À l’aube de l’indépendance de l’Inde, les sikhs rêvaient de retrouver l’empire que leur avait légué le maharajah Ranjit Singh. Mais leurs espoirs d’un Pendjab autonome au sein d’une « Inde unie » ont été trahis.
C’est ainsi que naquit, en 1940, l’idée d’un pays indépendant, le Khalistan, et avec lui des décennies de terreur, de massacres et d’actes terroristes comme l’attentat du vol 182 d’Air India, reliant Montréal à Bombay, qui a explosé, le 23 juin 1985, au-dessus de l’Atlantique, faisant 329 morts.
Il va sans dire que les communautés immigrantes ne laissent pas leurs conflits à la frontière quand ils déposent leurs valises au Canada. La diaspora indo-canadienne d’ici – hindoue, sikhe et musulmane – est à couteaux tirés sur cette question.
On n’a pas fini d’entendre parler des sikhs !