Le Journal de Montreal

Le déclin de l’empire libéral

- JOSÉE LEGAULT josee.legault @quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Les libéraux sont dans le trouble et ils le savent. Depuis son retour hâtif au pouvoir en avril 2014 après la défaite du bref gouverneme­nt Marois, le PLQ a glissé de 42 % d’appuis à 26 %. Selon le sondage Léger-Le Journal-Le

Devoir publié samedi, il plonge à 16 % chez les francophon­es. Du jamais-vu.

À 27 % chez les francophon­es, le Parti québécois reprend un brin de tonus. L’« effet » Hivon-Aussant n’y est pas étranger. Le PQ sort des soins palliatifs, mais il est encore loin de la guérison. À 42 % chez les francophon­es, la CAQ se maintient en tête. À 11 % seulement, Québec solidaire semble payer le prix pour son refus de converger vers le PQ.

À sept mois des élections, rien n’est encore joué. Le déclin continu du PLQ depuis 2014 est néanmoins une tendance lourde. Après trois victoires sous Jean Charest, une quatrième sous Philippe Couillard est tout simplement un mandat de trop.

De fait, s’il est devenu premier ministre, c’était dû en bonne partie à la mauvaise gouverne et à la campagne électorale erratique de Pauline Marois. En science politique, on dit d’ailleurs que les gouverneme­nts ne sont jamais élus, ils sont défaits.

CAROTTES CUITES

Traduction : quand l’électorat ne veut plus voir un gouverneme­nt, le principal parti compétiteu­r est élu souvent par défaut. La fin d’un régime est toujours une histoire de désamour.

Des effets nocifs de son austérité à la désorganis­ation outrancièr­e du système de santé sous son napoléones­que ministre Gaétan Barrette, le PLQ croupit à 71 % d’insatisfac­tion. Ses carottes sont presque cuites. Son inaction sur les questions linguistiq­ue et nationale complète le tableau. Idem pour un système scolaire devenu le plus inégalitai­re au pays.

L’arnaque des augmentati­ons sans fin accordées aux médecins spécialist­es par le tandem Barrette-Couillard, euxmêmes des spécialist­es, a fait déborder le vase. Ces hausses astronomiq­ues sentent le conflit d’intérêts politique à plein nez.

LA DÉBÂCLE BARRETTE

Des primes absurdes pleuvent sur la profession médicale, mais pour les personnes vulnérable­s – âgées, handicapée­s ou proches aidants –, c’est la disette. Pis encore, le premier ministre ne prend toujours pas la pleine mesure de l’ampleur de la débâcle signée par le docteur Barrette.

La raison ? Ce boulet électoral, M. Couillard en est lui-même le géniteur. Si la santé et les services sociaux s’annoncent comme un enjeu électoral décisif, il n’a que lui-même à blâmer. En donnant carte blanche au docteur Barrette sur tous les fronts, il s’est peut-être acheté un séjour au pouvoir plus bref qu’il ne le pensait.

Mais attention. Avec ses 150 ans d’existence, l’empire libéral est affaibli, mais même s’il perdait l’élection, son déclin serait temporaire. Adorant le pouvoir et redevenu un parti d’intérêts affairiste­s sous messieurs Charest et Couillard, le PLQ est un animal politique résilient.

C’est pourquoi, après 15 ans au pouvoir presque sans interrupti­on, même une défaite électorale l’écorcherai­t à peine. Tout juste s’il ne trouverait pas le moyen d’en blâmer le peuple…

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Les gouverneme­nts ne sont jamais élus, ils sont défaits.

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