Le Journal de Montreal

Molson sur le qui-vive à l’approche d’une grève

Les syndiqués de l’usine de Montréal ont rejeté à 57 % et à 52 % les deux dernières offres

- FRANCIS HALIN

Amère d’avoir vu son offre rejetée de justesse, Molson craint une grève dès lundi si les 550 syndiqués refusent sa propositio­n finale dimanche, a appris Le Journal qui a mis la main sur une note interne.

« Le syndicat a convoqué ses membres pour un vote le 11 mars. Il a informé ses membres, qu’advenant un rejet de l’offre finale, qu’il y aurait éventuelle­ment déclenchem­ent d’une grève le 12 mars 2018 », peut-on lire dans le message envoyé aux employés jeudi dernier.

Le directeur des affaires corporativ­es, Québec et Atlantique de Molson Coors, François Lefebvre, signataire du message, a confirmé l’informatio­n.

Il précise que le brasseur a déjà un plan en cas d’arrêt de travail. « On va réaffecter nos employés-cadres au niveau de la production et de la distributi­on », a-t-il indiqué.

M. Lefebvre aimerait que les syndiqués soient plus nombreux à aller voter dimanche. « On est déçu que seulement 66 % des employés aient exercé leur droit de vote la dernière fois », dit-il. D’autant plus que l’offre a été rejetée que par une mince majorité de 52 %, ajoute-t-il.

« POMME DE DISCORDE »

De son côté, le directeur des relations publiques de Teamsters Canada, Stéphane Lacroix, représenta­nt les travailleu­rs de l’usine, espère que la nouvelle mouture de la propositio­n plaira à ses membres.

« Il y a les salaires, oui. Mais l’assurance collective et les régimes de retraite sont des enjeux sur lesquels les travailleu­rs portent beaucoup plus attention. C’est plus là qu’il y a pomme de discorde », insiste-t-il.

Selon M. Lacroix, les récentes propositio­ns patronales défavorisa­ient les jeunes travailleu­rs qui n’avaient plus droit aux mêmes assurances que les plus âgés. Il dit également que les régimes de retraite à prestation­s déterminée­s sont menacés. « Ça crée un certain niveau d’irritation chez les travailleu­rs », résume-t-il.

TRAVAILLEU­RS MÉFIANTS

Hier, les employés de l’usine de la rue Notre-Dame étaient prudents dans leurs commentair­es, préférant attendre à dimanche pour voir ce qu’il y aura sur la table.

Seul un opérateur a accepté de parler à condition de rester anonyme. « Nous autres, on est plus des numéros que des employés », a-t-il lancé. Pour lui, les augmentati­ons salariales et avantages proposés sont nettement insuffisan­ts.

L’achat de la microbrass­erie de Shawinigan Le Trou du Diable ou le déménageme­nt de l’usine à Longueuil de près de 500 millions $ en 2021 prouvent pourtant que Molson a les reins solides, selon lui.

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FRANÇOIS LEFEBVRE Molson Coors

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