Le Journal de Montreal

Les oubliés des galas du cinéma

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Même si les galas de cinéma sont trop longs et souvent ennuyeux – comme celui des Oscars, dimanche soir –, il y a des artisans qu’on n’honore presque jamais. Les génériques étant devenus interminab­les, on les déroule en vitesse et ils deviennent illisibles. Plus personne ne les regarde. Des artisans essentiels à la qualité d’un film restent donc de parfaits inconnus pour le public.

Les « coachs » d’acteurs sont parmi les grands oubliés. Parler de leur participat­ion jetterait de l’ombre sur les réalisateu­rs, puisque les « coachs » font une partie de leur travail. Vaut mieux en beurrer épais sur les interprète­s, le directeur photo, les effets spéciaux et, à la rigueur, le scénariste. Cela démontre le bon jugement du réalisateu­r qui les a choisis !

Au moment de la sortie du film Les rois mongols de Luc Picard, en septembre dernier, j’avais dit le plus grand bien du jeu des enfants. Son film a remporté le prix du public au festival de cinéma de Québec et, il y a une quinzaine, l’Ours de cristal au festival internatio­nal de Berlin.

C’est la deuxième fois seulement que l’Ours de cristal est décerné à un long métrage canadien. La première fois, le trophée est allé à C’est pas moi, je le jure ! Dans ce film de Philippe Falardeau, Léon et Léa, les deux enfants interprété­s par Catherine Faucher et Antoine L’Écuyer, étaient criants de vérité.

UN TRAVAIL OBSCUR

Quelques années plus tard, c’est encore l’interpréta­tion des enfants qui a assuré le succès de Monsieur Lazhar, un autre film de Falardeau, en nomination pour l’Oscar du meilleur film étranger. Tous les élèves de Bashir Lazhar, l’instituteu­r du film, étaient excellents, en particulie­r Sophie Nélisse, dont c’était le premier grand rôle.

Sans rien enlever à ces réalisateu­rs, leurs films doivent beaucoup à la comédienne Félixe Ross (Hélène Boivin dans Virginie). C’est elle aussi qui a dirigé les enfants de Pieds nus dans l’aube, de Gabrielle, de La petite fille qui aimait trop les allumettes, pour ne nommer que ces films.

Félixe Ross est devenue l’une des meilleures directrice­s d’enfants du cinéma, un métier obscur que Danielle Fichaud et Louise Laparé furent parmi les premières à exercer au Québec. C’est à elles que Laurence Leboeuf, Antoine Olivier Pilon, Robert Naylor, Maxime Collin, les soeurs Nélisse et combien d’autres doivent leur notoriété.

Même si le nom de ces indispensa­bles directrice­s d’enfants apparaît souvent au générique d’un film, c’est rarissime que le réalisateu­r leur donne l’énorme crédit qu’elles méritent. À ma connaissan­ce, Luc Picard est l’un des seuls à l’avoir fait lors de son passage à Tout le monde en parle pour la promotion de son film Les rois mongols.

UN PUR ENCHANTEME­NT

Seule sur scène, comme un auteur devant sa page blanche, Marie-Thérèse Fortin raconte La détresse et l’enchanteme­nt de Gabrielle Roy. Je fermais les yeux et j’entendais par moments la voix grave et posée de cette pensive Gabrielle Roy que j’ai hélas ! trop peu connue.

C’est aussi la voix de tous les francophon­es hors Québec qu’il me semblait entendre, ranimant ainsi chez moi l’espoir qu’elle ne s’éteigne jamais. Vite, il ne vous reste plus que quelques soirs pour vivre ce pur enchanteme­nt au Théâtre du Nouveau-Monde.

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Félixe Ross
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