Le Journal de Montreal

Des Québécois laissés à eux-mêmes au Honduras

Ils veulent poursuivre Air Transat après avoir été victimes d’un incident de la route

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

Un groupe de 24 Québécois comptent poursuivre Air Transat après que le minibus défectueux qui les transporta­it lors d’un voyage au Honduras, organisé par la compagnie aérienne, eut été impliqué dans un grave accident.

Le véhicule dans lequel sont montés les touristes pour se rendre à l’aéroport de Roatan au terme de leur voyage aurait manqué de freins au milieu d’une pente abrupte. Le minibus a dévalé la côte vers l’arrière avant de terminer sa course en percutant violemment un arbre.

En plus d’avoir eu la peur de leur vie, plusieurs passagers ont eu des côtes fracturées, des commotions cérébrales et des entorses lombaires et cervicales, selon des personnes impliquées dans l’accident. Il leur a toutefois fallu attendre jusqu’à leur retour à Montréal pour obtenir de l’aide médicale, déplorent-ils.

« La façon dont Air Transat nous a traités, ça n’a pas d’allure. Ce n’est pas normal qu’on ait eu à se démerder tout seuls pour désinfecte­r et panser nos blessures avec la trousse de premiers soins que mon amie avait dans ses bagages », s’indigne Stéphan David, l’un des passagers.

Une mise en demeure sera envoyée à Air Transat au cours des prochains jours, a confirmé au Journal Caroline Léonard, l’avocate en charge du dossier.

IL SAUTE DU MINIBUS

L’accident s’est déroulé le 19 février, alors que les voyageurs venaient de passer deux semaines dans un hôtel tout inclus, où trois minibus sont allés les chercher pour les amener à l’aéroport. M. David est monté à bord du deuxième véhicule avec 23 autres Québécois et deux Ontariens.

Au moment où les freins ont vraisembla­blement lâché, l’homme de 51 ans, assis à l’avant, a décidé de sauter de l’autobus.

« J’ai atterri sur l’asphalte, sur ma cheville gauche, raconte M. David. Je pense que j’ai revolé d’à peu près 50 pieds. »

Après avoir constaté avec stupéfacti­on qu’il était toujours en vie, le Montréalai­s a vu le minibus poursuivre sa descente.

« J’étais convaincu que j’allais ramasser tout le monde mort, que je venais de perdre ma conjointe », se souvient-il.

Par chance, le véhicule a été stoppé par un arbre en bordure de la route. C’est probableme­nt ce qui l’a empêché de se retrouver dans le ravin juste à côté.

ÉCRASÉS PAR LES BANCS

À l’intérieur, les bancs se sont détachés sous la force de l’impact. Les occupants ont été écrasés les uns sur les autres.

Aucune ambulance n’aurait été envoyée sur place par Air Transat. Les voyageurs ont dû appeler des taxis pour se rendre à l’aéroport. Là-bas, un représenta­nt du transporte­ur les aurait pressés à prendre leur vol malgré leurs blessures.

« On n’aurait jamais dû monter dans cet avion-là. Il y a des blessures internes qui peuvent se manifester plusieurs heures après un accident et qui auraient pu être fatales en haute altitude », dit l’une des victimes, l’infirmière Marie-Ève Dupéré.

À l’arrivée des touristes à Montréal, plusieurs pompiers, ambulancie­rs et policiers les attendaien­t. Le lendemain, ils ont reçu un courriel d’Air Transat, qui s’excusait pour l’« incident » et leur offrait un crédit voyage de 250 $, qu’ils ont refusé.

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PHOTOS COURTOISIE Le minibus délabré conduit par l’homme sur la photo a dévalé la pente à droite avant de percuter un arbre (en mortaise).

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