« Racket Madsen », tueur sadique du sous-marin danois Nautilus ?
Le procès pour le meurtre de la reporter Kim Wall s’ouvre demain à Copenhague
COPENHAGUE | (AFP) « Inventrepreneur » excentrique ou assassin sadique ? Devant l’évidence, Peter Madsen a reconnu avoir découpé le corps de la journaliste Kim Wall, mais nie l’avoir tuée et réfute le portrait du pervers aux pulsions morbides esquissé par l’accusation.
Le procès du Danois qui s’ouvre demain à Copenhague permettra-t-il d’éclairer la personnalité trouble et complexe de cet ingénieur autodidacte, pétri d’imaginaire fantastique, que l’on accuse d’un crime particulièrement odieux? Le ministère public l’accuse d’avoir torturé et tué Kim Wall à bord de son sous-marin – le Nautilus – en août 2017, alors qu’elle venait l’interviewer pour un article.
Son avocate, Betina Hald Engmark, n’a rien laissé filtrer sur les intentions de son client, qui a changé maintes fois de version, mais continue de clamer son innocence quant à la mort de la jeune reporter suédoise.
Surnommé « Racket Madsen » au Danemark, cet ingénieur autodidacte âgé de 47 ans qui rêvait de conquérir ciel et mer est décrit par certains de ses proches comme un homme au tempérament erratique, refusant la contradiction.
« Le fil directeur de sa vie, ce sont les conflits. Il a du mal à se mettre d’accord avec les autres, il a de grandes ambitions et veut tout faire à sa manière », résume ainsi son biographe, Thomas Djursing.
MUTILATIONS
Son demi-frère Benny Langkjaer Egesø l’assure : Peter Madsen est « étrange » et sa différence lui porte préjudice, mais il est aussi « très ouvert et affable » à qui sait se montrer curieux de lui, à mille lieues d’un homme capable des crimes dont on l’accuse.
La justice danoise l’accuse pourtant d’avoir torturé la jeune femme avant de découper son cadavre pour s’en débarrasser.
Mutilations, coups suivis de mort (peutêtre par étouffement ou strangulation), puis découpe et lestage méthodique du corps jeté dans les eaux séparant le Danemark de la Suède : les circonstances du meurtre – il soutient que Kim Wall est morte accidentellement – sont particulièrement sordides.
PERVERSIONS SEXUELLES
Des témoins, dont plusieurs ex-liaisons, décrivent un homme nourrissant de multiples perversions sexuelles, adepte de scénarios sadomasochistes, pratiquant des simulacres d’étranglement.
L’étude du disque dur saisi dans son atelier – il nie qu’il s’agit du sien – a révélé des vidéos de femmes – apparemment réelles, selon l’accusation – violées, assassinées, brûlées.
Une « malédiction » : voilà ce qui pèserait sur le Nautilus. « Cette malédiction, c’est moi. Il n’y aura jamais de sérénité sur le Nautilus tant que j’existerai », disait-il en 2015 à ses collaborateurs avec qui il avait construit son sous-marin avant de se brouiller avec eux.
Peter Madsen encourt la prison à vie pour meurtre avec préméditation, atteinte à l’intégrité d’un cadavre et agression sexuelle.