Le sous-marinier nie toujours avoir tué la journaliste
COPENHAGUE | (AFP) L’inventeur danois Peter Madsen, jugé depuis hier pour le meurtre dans son sous-marin de la journaliste suédoise Kim Wall en 2017, a affirmé que la jeune femme avait succombé à des gaz toxiques libérés lors d’une soudaine dépressurisation de l’habitacle.
Ce 10 août 2017, une soudaine chute de pression d’air a créé un phénomène d’aspiration qui a fait tomber le panneau de l’écoutille, piégeant Kim Wall dans le sous-marin qui s’est alors empli d’échappements toxiques alors que Peter Madsen se trouvait sur le pont, impuissant, a-t-il raconté à la cour.
« J’essaie d’expliquer à Kim à travers l’écoutille comment arrêter les moteurs, pendant 5 à 15 minutes j’essaie d’entrer pour venir à son secours », a poursuivi le Danois.
« Quand j’ai enfin réussi à ouvrir le panneau d’écoutille, un nuage de chaleur me prend au visage. Je la trouve inanimée sur le sol, je reste près d’elle et j’essaie de la faire revenir à elle, je lui donne des tapes sur les joues, je tâte son pouls », a-t-il encore dit. En vain.
DÉMEMBRÉE
Constatant la mort de la jeune femme, montée à bord pour l’interviewer, « j’ai décidé de me suicider », a assuré Peter Madsen. Finalement, « je dors près d’elle pendant environ deux heures ».
L’autopsie n’a pas permis de déterminer la cause de la mort de Kim Wall. Selon le parquet, elle a été étranglée ou égorgée.
Arrêté le 11 alors que son sous-marin était en train de sombrer — sabordé par lui selon l’accusation —, Peter Madsen a reconnu avoir décapité, démembré et jeté en mer le corps de la journaliste. Mais il nie l’avoir violentée, agressée sexuellement et tuée intentionnellement.
Peter Madsen s’est défendu, parfois avec irritation, face aux accusations de meurtre, violences, agression sexuelle et atteinte à l’intégrité d’un cadavre qui pourraient lui valoir la prison à vie.
« Je maintiens que je n’ai pas tué Kim Wall intentionnellement », a-t-il déclaré. Il a expliqué avoir changé de version à plusieurs reprises pour « épargner » aux proches de la jeune femme les circonstances « terribles » de sa mort.
PERVERS POLYMORPHE
L’accusation soutient que M. Madsen a torturé et tué la journaliste afin de satisfaire un fantasme sexuel, ce qu’il nie. L’analyse psychologique de Madsen, citée hier par le procureur, le décrit comme « pervers polymorphe et sexuellement déviant », présentant des « traits psychopathiques ».
L’étude du disque dur saisi dans son atelier a révélé des vidéos de femmes violées, assassinées, brûlées.
Pourquoi ? lui a demandé le procureur. « Ce n’est pas sexuel. Je regarde ces vidéos pour pleurer et éprouver des émotions », a répondu Peter Madsen.
Le verdict est attendu le 25 avril.