Le Journal de Montreal

La députée Lamarre a vu sa mère mourir dignement

Souffrant d’une maladie pulmonaire, elle avait l’impression de se noyer de l’intérieur

- PATRICK BELLEROSE

QUÉBEC | La députée péquiste Diane Lamarre a accepté de se confier sur la décision de sa mère de recourir à l’aide médicale à mourir, dans l’espoir que son témoignage aide d’autres patients en fin de vie.

« Je me dis qu’il y a probableme­nt d’autres personnes qui sont en situation difficile, comme elle, et qui ne pensent pas être admissible­s à l’aide médicale à mourir », explique Diane Lamarre.

Âgée de 85 ans, Jeanne-d’Arc Savaria souffrait d’une maladie pulmonaire obstructiv­e chronique. Quand les quintes de toux l’assaillaie­nt, « plusieurs fois par jour », elle avait le sentiment de se noyer de l’intérieur.

« Depuis plusieurs années, elle avait renoncé à se déplacer plus loin que de son lit à sa chaise de cuisine. Mais là, le simple fait de remonter ses oreillers dans son lit était devenu suffisant pour déclencher ses épisodes de toux », raconte la députée de Taillon, sur la Rive-Sud de Montréal.

Dans les derniers mois de 2017, la situation s’est détériorée en raison de pneumonies qui ont conduit à trois hospitalis­ations en deux mois.

CREVETTES ET VERRE DE VIN

En janvier 2018, Jeanne-d’Arc Savaria a donc officielle­ment demandé l’aide médicale à mourir. Une décision qui lui a « donné énormément de force », souligne Diane Lamarre.

« Dans les dernières années, souvent, elle avait un petit trémolo dans la voix. Et là, dans les derniers jours, c’est elle qui nous réconforta­it. »

Une fois la demande faite, le processus a pris moins d’une semaine. La date fatidique a été fixée au dimanche suivant. « C’est bouleversa­nt » d’être confrontée au décès annoncé de sa mère, raconte Diane Lamarre. « Mais mon père est décédé subitement d’un infarctus, alors que j’aurais aimé avoir quelques minutes de plus », nuance-t-elle.

La veille, enfants et petits-enfants se sont réunis dans la chambre de l’hôpital Charles-Le Moyne, à quelques mètres d’une machine à glace bruyante, note Diane Lamarre. « Maman aimait beaucoup les crevettes, alors on a mangé ça avec la petite sauce rouge qu’elle aimait et un petit verre de vin blanc », relate la députée.

Le dimanche venu, les trois enfants sont restés pour assister au départ de leur mère, conforméme­nt à sa volonté. « Ses dernières paroles ont été : “Je suis heureuse, je suis sereine, je suis bien”, confie Diane Lamarre. Et elle n’a rien dit après ça. »

FIN DE VIE

Engagée auprès de maisons de soins palliatifs, Diane Lamarre souligne que l’aide médicale à mourir ne remplace pas ceux-ci. « Les équipes de soins palliatifs peuvent notamment aider les gens à cheminer », en plus d’apporter un répit pour les proches, souligne la pharmacien­ne de formation.

Mais sa mère, elle, avait épuisé ses recours médicaux. L’aide médicale à mourir lui a apporté un « certain contrôle » sur ses derniers jours, estime Diane Lamarre. « Ce qu’on souhaite tous, c’est réussir notre fin de vie », conclut-elle.

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL POULIN ?? Diane Lamarre (photo) s’est confiée sur la fin de vie de sa mère qui a demandé l’aide médicale à mourir, en janvier dernier, après que son état se soit détérioré en raison de pneumonies qui ont conduit à trois hospitalis­ations en deux mois, en 2017.
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Diane Lamarre (photo) s’est confiée sur la fin de vie de sa mère qui a demandé l’aide médicale à mourir, en janvier dernier, après que son état se soit détérioré en raison de pneumonies qui ont conduit à trois hospitalis­ations en deux mois, en 2017.

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