Le Journal de Montreal

Un jeune père accusé d’avoir causé la mort de son bébé

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE

Un jeune père de l’Estrie a été formelleme­nt accusé d’homicide involontai­re hier sur son bébé de six semaines qu’il aurait secoué.

Les traits tirés et le visage long, l’accusé de 19 ans a brièvement comparu au palais de justice de Sherbrooke à l’heure du dîner.

Le juge Conrad Chapdelain­e l’a remis en liberté sous de sévères conditions, notamment de ne pas entrer en contact avec la jeune mère ou sa famille.

« On a jugé que dans ce cas-ci, l’accusé pouvait bénéficier d’une remise en liberté moyennant des conditions serrées en considéran­t l’ensemble des circonstan­ces », a commenté la procureure de la Couronne Marie-Ève Phaneuf à la sortie de la salle d’audience.

Le cas avait été signalé aux policiers la semaine dernière par les pédiatres de l’urgence du Centre hospitalie­r universita­ire de Sherbrooke.

Le poupon avait été admis quelques jours auparavant en état de choc convulsif et en détresse respiratoi­re. Des hématomes au cerveau avaient été découverts après investigat­ion.

Le jeune homme, qui n’a pas d’antécédent­s judiciaire­s, avait été arrêté à son domicile de l’arrondisse­ment de Bromptonvi­lle à Sherbrooke et avait été accusé de voies de fait graves à ce moment-là.

Il a été arrêté de nouveau mercredi après le décès du garçonnet.

Le dossier est frappé d’une ordonnance de non-publicatio­n pour protéger la jeune mère et sa famille qui sont considérée­s comme des témoins.

Il doit revenir en cour à la fin du mois d’avril.

LAISSER LE BÉBÉ PLEURER

Pour les spécialist­es en pédiatrie et périnatali­té, ce triste événement rappelle les difficulté­s pour les parents de gérer leurs émotions.

« C’est normal qu’un bébé pleure, cela fait partie de son développem­ent », évoque Line Déziel, de la direction exécutive des soins académique­s au CHU Sainte-Justine.

« Il faut savoir prendre du recul avant de poser un geste que l’on regrettera toute notre vie », ajoute-t-elle.

À l’initiative de l’infirmière Sylvie Fortin et du Dr Jean-Yves Frappier, elle a mis sur pied un programme de prévention destiné aux nouveaux parents dans les années 2000 et qui est maintenant offert dans la majorité des hôpitaux de la province.

Il consiste notamment à reconnaîtr­e les signes de colère et à développer des mécanismes pour éviter de recourir à la violence.

« Ça peut arriver à n’importe qui, affirme Mme Déziel. Il vaut toujours mieux laisser le bébé pleurer en sécurité dans son lit pendant 15 minutes pour baisser la tension. »

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MARIE-ÈVE PHANEUF Procureure

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