Le Journal de Montreal

Malade, il n’a rien mangé depuis près d’une semaine

L’homme est en attente d’une opération pourtant jugée urgente

- DAVE PARENT – Avec la collaborat­ion de monjournal.ca

Un homme atteint d’un cancer n’a pas mangé depuis une semaine puisqu’il attend une opération urgente, mais le système de santé a été incapable de lui trouver une place avant aujourd’hui.

Jean-Guy Savoie, 61 ans, a su le 14 février qu’il avait un cancer de l’oesophage. Sa seule chance de prolonger sa vie à plus de six mois est de se soumettre à de la chimiothér­apie.

Mais comme le résident de Boisdes-Filion, dans les Laurentide­s, ne mange presque pas depuis janvier, il est trop faible pour commencer le traitement. Sa seule chance de reprendre assez de force est de subir une opération à l’oesophage qui lui permettrai­t de recommence­r à manger.

Or, depuis vendredi dernier, il n’a rien avalé. Il est sur une liste d’urgence pour subir une opération, mais le Centre hospitalie­r de l’Université de Montréal (CHUM) n’avait pas de place pour lui.

« Mon père n’est pas en train de mourir du cancer, il est en train de mourir de faim », dit sa fille Jennyfer Racicot.

DE FAUX ESPOIRS

Mardi, l’Hôpital de Saint-Eustache a annoncé à M. Savoie qu’il serait opéré mercredi, ce qui lui a redonné de l’espoir.

Or, l’hôpital a fait une erreur. C’est son voisin de chambre qui a plutôt subi une interventi­on.

« Ils sont quatre par chambre. L’employé a annoncé la nouvelle à la mauvaise personne. L’erreur est humaine », a dit la responsabl­e des communicat­ions au Centre intégré universita­ire de santé et de services sociaux (CIUSSS) des Laurentide­s, Myriam Sabourin.

« Des fois, tu penses qu’il y a une petite lueur d’espoir et paf! on te l’enlève. Cela l’a démoli. Il voulait abandonner et partir. Il était tanné de souffrir », explique Mme Racicot.

Une heure après que Le Journal eut posé des questions au CIUSSS au sujet de la situation de M. Savoie hier matin, le CHUM a confirmé qu’il serait opéré ce matin.

Même s’il se dit heureux de voir son dossier débloquer, M. Savoie demeure amer face au système de santé.

« L’ATTENTE TUE »

« Je prends très bien le verdict, partir, mourir, je le prends très bien. Mais me laisser poireauter à l’hôpital et me laisser pourrir ici, ça, je le prends pas. C’est l’attente qui tue », dit M. Savoie.

La direction de l’Hôpital de Saint-Eustache estime que le délai afin d’obtenir un rendez-vous au CHUM pour l’opération n’était pas déraisonna­ble.

« Ce n’est pas un délai qui est anormal, il y a toujours une priorisati­on en fonction de l’état de santé de chaque patient, mais généraleme­nt, ça ne traîne pas », explique Mme Sabourin.

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Jennyfer Racicot et son père Jean-Guy Savoie dans leur chambre de l’Hôpital de Saint-Eustache.

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