Le Journal de Montreal

Abolissons le 8 mars

- LISE RAVARY e Blogueuse au Journal lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary

Enfin, une bonne nouvelle ! La Journée des femmes est terminée ! Mieux encore, cette assommante journée ne reviendra pas avant un an. Pas de spéciaux 100 % femmes, pas de chronologi­es des moments forts du féminisme, pas de billets songés de féministes à la mode, lesbienne ou pas, avant le 8 mars 2019. La sainte paix, merci beaucoup.

Je dois quand même montrer patte blanche : j’ai parlé des femmes aux Francs-Tireurs mercredi, mais c’était pour leur 20e anniversai­re.

La Journée des femmes est pour moi source d’un malaise insaisissa­ble. Après avoir lu tous les articles de circonstan­ces, hier, j’avais la boule au ventre. Trop c’est comme pas assez. Surtout que #MoiAussi occupe beaucoup d’espace médiatique depuis l’affaire Weinstein.

Je me suis mise dans la peau d’un homme qui se frappe le nez sur le mur du 8 mars. Ouch ! Tout est de leur faute : plafond de verre, charge mentale, inégalités, violence, etc.

AUTREMENT

Si seulement une majorité de femmes prenaient le pouvoir, clamet-on, ce serait différent. Désolée, mais bullshit.

Le pouvoir — et surtout le maintien au pouvoir — a ses exigences. Il se fiche du groupe hormonal de ceux et de celles qui en rêvent. Maman minou dégriffée ne se hissera jamais en haut de l’organigram­me.

Quand je me plonge dans la culture du 8 mars au Québec, j’ai l’impression d’atterrir dans les années 1950, quand nous étions « le sexe faible », que tout était à faire. Ce n’est plus vrai. Pas ici.

L’étalage de nos frustratio­ns de privilégié­es a quelque chose d’indécent comparativ­ement aux souffrance­s de millions de femmes dans le monde.

Attendre au 8 mars pour parler de femmes dont on ne parle pas le reste de l’année, immigrante­s, autochtone­s, etc. est en soi une discrimina­tion.

La Journée des femmes a fait son temps

« Il va falloir trouver autre chose. »

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