OSCARS : OÙ SONT LES FEMMES
L’actrice Frances McDormand a frappé fort dimanche soir aux Oscars en demandant à toutes les femmes nommées pour un prix de se lever et en rappelant aux décideurs qu’elles avaient elles aussi des projets à proposer. Il y a trois ans, sur la même scène, Patricia Arquette avait aussi ému la salle en livrant un vibrant plaidoyer pour l’égalité des sexes.
Il faut croire que malgré les beaux discours et les prises de position en faveur de la parité, les choses ne changent pas si vite que cela à Hollywood. Dans son monologue d’ouverture du gala, l’animateur Jimmy Kimmel a lui-même soulevé le problème en soulignant que seulement 11 % des films hollywoodiens avaient été réalisés par des femmes cette année.
Le gala venait à peine de se terminer que les médias spécialisés hollywoodiens dévoilaient d’autres statistiques révélatrices : si on exclut les quatre catégories d’acteurs et d’actrices, seulement 47 femmes (contre 150 hommes) ont obtenu une nomination aux Oscars cette année. Et au bout du compte, seulement quatre femmes (contre 32 hommes) ont été récompensées dimanche.
Bref, on a fait grand cas du fait que Greta Gerwig (Lady Bird) était devenue la cinquième femme de l’histoire à être nommée pour le prix de la meilleure réalisation, mais on a ignoré l’essentiel : la soirée des Oscars est encore essentiellement un party de gars.
LOIN DU COMPTE
Il y a deux ans, en réaction à la controverse #OscarsSoWhite (Des Oscars si blancs), l’Académie des Oscars avait annoncé une réforme qui lui permettrait de diversifier ses membres, qui sont reconnus depuis longtemps comme étant en grande majorité des hommes blancs âgés. Sa promesse était ambitieuse : doubler d’ici 2020 le nombre de membres femmes ou venant de minorités ethniques.
Or, les résultats ne sont pas concluants pour l’instant. En ce moment, les femmes ne représentent que 28 % des 7258 membres de l’académie (contre 25 % en 2016). On est encore très loin de l’objectif initial d’atteindre les 48 % de membres féminines en 2020.
La fameuse clause d’inclusion (inclusion rider), que Frances McDormand a mentionnée dans son discours de remerciement et qui permettrait aux acteurs d’exiger une meilleure représentation des minorités (dont les femmes et les groupes ethniques) au sein de l’équipe des films dans lesquels ils jouent, pourrait aider à assurer la parité sur les plateaux de tournage. Mais encore faut-il que ces acteurs demandent que cette clause soit appliquée quand ils négocient leur contrat.
Pour franchir un pas de plus vers la parité, il faudrait idéalement qu’il y ait plus de femmes dans des postes de pouvoir à Hollywood. À l’heure actuelle, six des sept grands studios hollywoodiens sont dirigés par des hommes. Du côté de la réalisation, on apprenait cette semaine que seulement neuf femmes cinéastes dans l’histoire avaient réalisé des films dont le budget dépasse les 100 M$. En d’autres mots, on préfère encore confier les gros projets à des hommes. Il y a donc encore beaucoup de chemin à faire.