Le Journal de Montreal

QUAND ROBERTO SE LÈVE

Le gardien québécois est l’un des grands artisans du redresseme­nt des Panthers

- LOUIS BUTCHER

SUNRISE | Roberto Luongo était encore blessé quand les Panthers de la Floride ont amorcé, après la pause du week-end des Étoiles en janvier, une remontée spectacula­ire qui leur vaut aujourd’hui d’espérer une place en séries éliminatoi­res.

Mais depuis son retour au sein de la formation le gardien québécois, par sa tenue remarquabl­e, n’a fait qu’ajouter au niveau de confiance qui règne au sein de l’équipe.

Les quelque joueurs des Panthers, rencontrés hier à quelques heures de l’affronteme­nt contre le Canadien, n’ont pas manqué de souligner l’apport considérab­le de Roberto Luongo dans les récents succès de leur formation.

« C’est tout un gardien, a relaté Jonathan Huberdeau. En santé, comme c’est le cas actuelleme­nt, il est une inspiratio­n pour toute notre équipe, et pas seulement les défenseurs devant lui.

Il est calme devant le filet et sa présence impose beaucoup de respect, a-t-il poursuivi. Sans vouloir minimiser le travail des autres gardiens qui ont brillammen­t pris la relève, il peut nous faire gagner à chaque match. »

UN GRAND FRÈRE

Quand le confrère Martin McGuire lui a demandé s’il considérai­t Luongo comme un grand frère, le choix de première ronde (3e au total) des Panthers lors de la séance de repêchage de 2011 n’a pas hésité à répondre dans l’affirmativ­e.

« Oui, on peut le dire ainsi, a répondu l’attaquant de 24 ans originaire de Saint-Jérôme, et c’est un vétéran avec une grande stature. Quand il parle dans le vestiaire, on l’écoute. Et quand il est sur la patinoire, on sait très bien qu’il va donner son maximum. Nous n’avons pas le choix de faire la même chose. »

Luongo s’est aussi levé quand il a condamné, au nom de son équipe, la tuerie dans une école de Parkland qui a fait 17 victimes innocentes le 14 février dernier.

Une date qui a coïncidé d’ailleurs avec son retour au jeu après une absence de 27 rencontres.

Bon nombre de porte-couleurs des Panthers, dont Luongo lui-même, ont élu domicile dans cette municipali­té de la Floride située à une trentaine de kilomètres du domicile des Panthers, à Sunrise.

Son épouse est native de l’endroit et ses enfants sont inscrits à une institutio­n à proximité des lieux.

UN VIBRANT MESSAGE

« Nous avons tous été interpellé­s, a souligné Huberdeau. Nous étions à Vancouver quand la tragédie a eu lieu. On aurait tous voulu être à la maison près des nôtres pour leur apporter du réconfort. »

À leur retour à la maison huit jours plus tard, contre les Capitals de Washington, après un long séjour de cinq rencontres à l’étranger, les Panthers ont tenu à rassurer la communauté affligée.

Avant la rencontre, Luongo a pris le micro pour livrer un vibrant message pour que cessent ces carnages aux États-Unis une fois pour toutes.

« Ce fut une soirée très émotive, a indiqué Huberdeau. Mais c’était la personne toute choisie pour le faire. C’est certain que le match a été difficile à jouer après une allocution aussi forte.

Mais il a gagné et… nous avons gagné ce soir-là. Cette victoire, nous l’avons dédiée aux familles touchées. Il a tenu à s’adresser à la foule, lui qui vit dans cette communauté depuis 12 ans. »

Le défenseur Mike Matheson, né à PointeClai­re, a lui aussi voulu rendre hommage au gardien des Panthers.

« Il est un pilier autant sur la patinoire qu’à l’extérieur, a-t-il fait remarquer. Il a parlé avec son coeur. Nous avons tous été touchés par son interventi­on. »

COMME LE BON VIN

« Il est maintenant temps d’agir, avait déclaré Luongo dans un discours qui a fait le tour de la LNH et des réseaux d’informatio­n. Assez, c’est assez. Aucun enfant ne devrait vivre ça... »

Maintenant en santé, Luongo, qui ne s’adresse pas officielle­ment aux journalist­es le jour d’un match, a quand même tenu à saluer les membres des médias québécois après l’entraîneme­nt des siens, hier matin.

Le gardien célébrera ses 39 ans dans trois semaines, et seules les blessures parviennen­t à ralentir ses ardeurs.

« Malgré son inactivité, il n’a jamais abandonné, a conclu Huberdeau. Quand tu atteins un certain âge, tu aurais, des fois, le goût de lâcher. Mais pas lui. »

Comme le bon vin, Luongo refuse de vieillir. Et ce ne sont pas les Panthers qui vont s’en plaindre.

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PHOTO D’ARCHIVES

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