573 M$ pour le Québec dorment à Ottawa
OTTAWA | Contrairement à toutes les autres provinces, le Québec n’a reçu qu’une fraction de l’argent promis par Ottawa en transport collectif parce qu’il s’est traîné les pieds pour choisir ses projets.
Plus de 573 millions $ dorment dans les coffres d’Ottawa au lieu de servir à prolonger la ligne bleue du métro de Montréal ou de réaliser un autre projet de transport collectif du Québec, se désolent des experts de la question.
Un processus d’approbation interminable du gouvernement québécois retarde les projets de plusieurs mois, de l’aveu même du ministre des Transports du Québec, contribuant chaque jour à la congestion routière.
« Il y a un manque de vision de Québec par rapport au déplacement urbain, alors que pour la première fois il y a un plan à Ottawa », réagit Philippe Cousineau Morin, directeur de Trajectoire Québec.
QUÉBEC EN RETARD
Un peu plus du tiers (37 %) de l’argent fédéral prévu en transport en commun a été annoncé pour un projet au Québec.
Cela fait diminuer le pourcentage total des sommes promises en infrastructures depuis le budget fédéral de 2016 et effectivement dépensées pour la province, qui stagne à 55 %.
Pour Ottawa, cela est dû au fait que la province s’est traîné les pieds pour présenter ses projets.
« Chaque province est responsable de prioriser les projets d’infrastructures qu’ils veulent présenter, donc d’une province à l’autre ça peut varier », indique Kate Monfette, attachée de presse du ministre fédéral des Infrastructures, Amarjeet Sohi.
Le changement d’idée de Québec sur certains projets est évoqué pour expliquer ces délais.
Lors du dernier budget fédéral, l’absence d’argent pour le service rapide par bus (SRB) de Québec-Lévis avait par exemple été critiquée, alors que le projet a été abandonné la même année.
Le ministre des Transports du Québec, André Fortin, a d’ailleurs reconnu que son gouvernement est très lent à donner le feu vert aux projets, devant des gens d’affaires le 5 février.
Son bureau a confirmé que le processus serait revu et accéléré, sans être en mesure d’expliquer pourquoi les dossiers avancent plus vite dans toutes les autres provinces. Tant le fédéral que le provincial se sont montré s rassurants.
Le demi-milliard de dollars manquant sera dépensé comme prévu, et d’importants dossiers devraient être débloqués dans les prochains mois.
CONSÉQUENCES
« Pendant ce temps, la congestion augmente, le trafic automobile se multiplie, et les gaz à effet de serre augmentent », s’indique Florence Junca-Adenot, ex-PDG de l’Agence métropolitaine de transport (AMT).
Elle croit que des chantiers peuvent être menacés, faute de pouvoir prévoir leurs phases de construction dans les temps.
Les 3,4 milliards prévus pour tout le pays par le Fonds pour l’infrastructure de transport en commun (FITC) défraient la moitié de la facture des projets de transport collectif soumis par les provinces avant le 31 mars de cette année, soit dans à peine six semaines.