Le Journal de Montreal

Diminuer la pauvreté sans augmenter le salaire minimum ?

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Le gouverneme­nt devrait favoriser d’autres mesures sociales pour enrayer la pauvreté plutôt que d’augmenter le salaire minimum, estiment les petites entreprise­s.

« On n’est pas contre les augmentati­ons du salaire minimum. Ce qui nous préoccupe c’est lorsque les hausses sont très importante­s en peu de temps », soutient Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te (FCEI).

L’augmentati­on de 6,7 % prévu le 1er mai est donc une grosse bouchée à avaler pour les petites entreprise­s puisque chaque sou de plus octroyé au salaire minimum crée un « effet domino » sur les autres salaires, explique Mme Hébert.

POIDS SUR LES ENTREPRISE­S

« Ces hausses trop rapides font ainsi disparaîtr­e des emplois pour ces mêmes travailleu­rs au salaire minimum. On le voit avec l’augmentati­on prochaine du salaire à 15 $ en Ontario. Les entreprise­s commencent à réduire leur plan d’embauche, elles reportent des projets d’expansion ou réduisent les heures travaillée­s de ces salariés », énumère Mme Hébert.

Le fait de se concentrer uniquement sur le salaire met toute la responsabi­lité sur les épaules des entreprise­s, qui sont 73 % à avoir moins de 10 employés.

AU GOUVERNEME­NT D’AGIR

Dans la restaurati­on, par exemple, 80 % des restaurant­s sont indépendan­ts et emploient 11 employés en moyenne. Le chiffre d’affaires moyen est de 600 000 $, pour 3 % de marge de profit.

« Il reste donc à peine 20 000 $ pour le restaurate­ur, il n’a donc pas une grande marge de manoeuvre et il y a une limite qu’on peut augmenter les prix », insiste François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouverneme­ntales à l’Associatio­n des restaurate­urs du Québec.

La FCEI croit donc qu’il s’agit de la responsabi­lité du gouverneme­nt de mettre en place des mesures sociales pour aider les travailleu­rs à mieux s’en sortir.

« On a intérêt comme société à ce que les personnes à faible revenu qui ont notamment une famille et qui sont au salaire minimum aient un revenu décent. Dans le revenu, il n’y a pas juste le salaire. C’est le gouverneme­nt qui collecte les taxes et impôts, c’est à lui de faire en sorte qu’il y ait des crédits d’impôt, des primes au travail, des mesures fiscales, pour avoir un revenu plus acceptable. On peut donc venir corriger ça sans faire mal à l’économie et sans faire mal aux emplois de ces personnes », conclut Mme Hébert.

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