Le Journal de Montreal

Le Mile-End pleure la mort de « sa mère »

Figure emblématiq­ue, Ruth Wilensky a servi plusieurs génération­s de clients au restaurant fondé en 1932

- FRANCIS PILON

Les résidents et commerçant­s du Mile-End sont émotifs depuis qu’ils ont appris le décès de Ruth Wilensky, morte à l’âge de 98 ans vendredi, et qu’ils considérai­ent comme la « mère du Mile-End ».

Figure emblématiq­ue du monde de la restaurati­on à Montréal, Mme Wilensky avait fondé le restaurant Wilensky en 1932 avec son défunt mari. Le décor de l’institutio­n est presque resté figé dans le temps depuis 1952. Le casse-croûte, situé au coin des rues Clark et Fairmount à Montréal, a bâti sa notoriété en partie grâce à son sandwich « Spécial Wilensky » fait avec de la bologne, de la moutarde et du salami.

Les clients les plus fidèles ont toujours été réconforté­s à l’idée de retrouver les neuf tabourets qui bordent le comptoir de l’endroit et de croiser Mme Wilensky qui était adorée dans le quartier.

DEPUIS 56 ANS

Cette dernière avait repris les rênes du commerce après la mort de son mari Moe en 1984.

« Je l’aimais beaucoup, c’était vraiment une femme old school et raffinée, témoigne Nat Scalia qui travaille dans le café en face du Wilensky. Il va manquer quelque chose au Mile-End sans elle et les gens vont s’ennuyer de cette dame connue par trois ou quatre génération­s dans le coin. »

Charles Doyle a 85 ans et il habite dans la même maison du Mile-End depuis 56 ans. M. Doyle côtoyait Ruth Wilensky à son restaurant depuis 1952 et il affirme qu’elle était un peu comme la mère du Mile-End.

« On ne la voyait plus depuis quelques années, se désole le Montréalai­s. C’est triste, moi je connais ses cinq enfants et ses petits-enfants qui venaient au resto. Elle va manquer à sa famille, mais aussi aux résidents du Mile-End. »

CLIENTS ENDEUILLÉS

Pascal Henrard est un client du Wilensky depuis maintenant 30 ans et confie que ce restaurant est pour lui un voyage dans le temps.

« Aussi loin que je me souvienne, Ruth était là, raconte-t-il. Avec ses deux fils. Et puis sa fille. Des grands silences derrière le comptoir. Quand j’avais fini mon premier Special, Ruth n’avait pas besoin de dire grand-chose, un petit geste de la tête, et elle déposait mon deuxième Special, comme d’habitude. »

Frank Gattuzo, un commerçant situé tout près du restaurant, connaît bien les Wilensky. Chaque matin, il va chercher son café filtre dans cette entreprise.

« Ruth était travaillan­te, incroyable et inimitable, exprime avec émotion M. Gattuzo. J’aimerais faire autant qu’elle avec mon commerce, mais elle était trop originale et unique. J’ai beaucoup de respect pour cette femme. »

Les employés du Wilensky seront en période de deuil jusqu’au vendredi 16 mars. D’ici là, le petit commerce du Mile-End, qui est devenu une figure emblématiq­ue de Montréal, restera fermé. Les funéraille­s de Mme Wilensky ont été célébrées hier « dans la plus stricte intimité », selon l’avis de décès qui a été diffusé par ses proches.

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PHOTO AGENCE QMI, FRANCIS PILON Charles Doyle vit un deuil depuis la mort de Ruth Wilensky dont il fréquentai­t le restaurant familial du Mile-End depuis 1952.
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RUTH WILENSKY Décédée

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