Pour qu’Athena Gervais ne soit pas morte pour rien
Le décès — parfaitement évitable — de la jeune Athena Gervais, qui aurait consommé des boissons alcoolisées sucrées prémélangées a bouleversé le Québec et provoqué une prise de conscience.
On aurait pu s’attendre à ce que les gouvernements s’engagent à prendre les mesures qui s’imposent pour éviter que pareil incident ne se reproduise à l’avenir. Chacun des niveaux de gouvernement a renvoyé la balle à l’autre. Pourtant, chacun a des pouvoirs à exercer et des devoirs à accomplir.
LES RESPONSABILITÉS D’OTTAWA
Lorsqu’un gouvernement met en garde les citoyens contre la dangerosité de certains produits et que ce même gouvernement en autorise la vente libre, il y a là une incohérence. Dans l’idéal, la vente des boissons contenant des produits qui camouflent le goût et l’effet de l’alcool devrait être interdite.
Sinon, on pourrait exiger qu’ils ne soient mis sur le marché que dans des formats ne contenant qu’un seul verre standard et non trois ou quatre comme c’est le cas de la Four Loko, de la FCKD UP et de multiples autres boissons alcoolisées sucrées qui sont encore sur les tablettes aujourd’hui.
Enfin, Ottawa pourrait contrôler rigoureusement l’étiquetage et l’emballage qui présentent actuellement un attrait clair pour les mineurs et les consommateurs vulnérables.
LES RESPONSABILITÉS DE QUÉBEC
Pour sa part, le gouvernement du Québec a les pleins pouvoirs pour fixer et faire respecter le prix minimum des boissons alcoolisées. Les recherches scientifiques fixent le prix minimum raisonnable à 1,60 $ le verre standard, c’est-à-dire un coût de 6,40 $ pour une canette de Four Loko ou de FCKD UP qui se vendaient jusqu’à deux fois moins cher.
Le vin ou la bière se retrouvent en épiceries et ça ne pose pas problème : le vin a le goût du vin, la bière a le goût de la bière. Cependant, les produits prémélangés dans lesquels l’alcool n’a pas le goût de l’alcool devraient être moins accessibles. Leur vente pourrait être limitée à la Société des alcools du Québec.
Enfin, sur le plan de la promotion, on peut attendre de Québec qu’il encadre sérieusement les actions publicitaires et promotionnelles et qu’il donne aux autorités chargées de les faire respecter les pouvoirs nécessaires pour faire appliquer efficacement les lois.
Si seulement nos deux niveaux de gouvernement prenaient sans plus tarder ces mesures élémentaires, Athena Gervais ne sera sans doute pas morte pour rien.