Le Journal de Montreal

Louis-Jean Cormier n’aurait jamais dû s’excuser

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Samedi matin, j’étais hyper fière de Louis-Jean Cormier. Samedi soir, j’étais hyper déçue de Louis-Jean Cormier.

Après avoir dit une vérité dans le journal le matin, puis s’être rendu compte que ça faisait capoter nos féministes, Louis-Jean Cormier s’est rétracté, excusé, autoflagel­lé.

C’est pathétique de voir à quel point au Québec certains hommes sont incapables de se tenir debout. Même pas besoin de se faire castrer, ils se coupent eux-mêmes la zigounette… après s’être excusés d’en avoir une.

NON AU 50-50

Samedi matin, Louis-Jean Cormier affirmait dans La

Presse qu’il était plutôt contre la parité (autant d’artistes féminins que masculins) dans les grands festivals. « A priori, je suis contre, car je veux qu’on fasse passer l’art avant le sexe. J’ai de la misère à défaire mon focus de l’art et du talent, et si on fait tout 50-50, j’ai peur que ça donne des programmat­ions grises ».

En lisant ça, j’étais (agréableme­nt) surprise qu’un artiste ose aller ainsi à contre-courant. « Enfin ! », me suis-je écriée, « quelqu’un qui sort du ronron consensuel habituel et qui s’assume ! »

Mais j’avais oublié qu’on vit dans la RCQPPI (la République culturelle du Québec paritaire progressis­te inclusif).

Cormier s’est fait lyncher. La chanteuse Laurence Nerbonne lui a fait la morale sur Facebook… et Cormier a fait un gros 180 degrés. Il s’est non seulement rétracté, récusé, mais il s’est excusé d’avoir eu l’air d’un « mononc débile et arriéré » (comme si tous ceux qui sont contre la parité étaient des tarés !).

Un peu plus et il baissait ses culottes pour que Môman lui donne la fessée.

En plus, Cormier s’est excusé pour ses « privilèges » : il est un homme, blanc, hétéro et pour cette raison, il fait « partie du problème ». Mais c’est quoi ce discours culpabilis­ant et débilitant ?

Il faudrait tous qu’on soit des femmes racisées lesbiennes transgenre­s pour avoir le droit de parler, le droit de créer, le droit de respirer ?

On notera au passage le ton condescend­ant et maternalis­te de la chanteuse Laurence Nerbonne. « Je me demande aujourd’hui, Louis-Jean, s’il ne te manque pas les connaissan­ces nécessaire­s pour prendre position sur le sujet de l’équité hommes-femmes ».

Mon petit Louis-Jean, sais-tu ce qu’est un paradigme ? Maman Laurence va te faire la leçon. Si un gars faisait ça, il se ferait accuser de « mansplaini­ng ». Mais le « womansplai­ning », c’est acceptable ?

Mais c’est quoi ce discours culpabilis­ant et débilitant ?

L’AUTOBUS DU SHOWBUSINE­SS

Misère, Louis-Jean, tu ne tiens pas plus que ça à tes opinions ? Le vent tourne un peu et tu retournes ta veste ?

Assume, au moins, quand tu dis quelque chose ! Ce qui t’arrive est bien la preuve que ce milieu est étouffant, castrant. Tout le monde dans le même autobus de la pensée. Si un artiste ose émettre la moindre dissidence de la catéchèse politique, il se fait rappeler à l’ordre. « Tu as erré, retrouve le droit chemin. »

Dans ton « mea culpa », Louis-Jean, tu affirmes que tu es prêt à écouter tes consoeurs sur le « sexisme systémique auquel elles sont confrontée­s » et à « faire un exercice de conscience ».

Quoi, tu vas aller dans un camp de rééducatio­n des vieux mononcles contre la parité, pour enfin voir la lumière ?

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