Le Journal de Montreal

La GRC ouvre enfin sa banque d’ADN

Cette ressource est demandée par plusieurs depuis plus de 15 ans

- MAXIME HUARD

OTTAWA | Des experts dénoncent la lenteur de la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC), qui a mis plusieurs années avant de mettre sur pied la première banque de données génétiques des personnes disparues.

« Les libéraux ont dormi au gaz pendant des années », a dénoncé le sénateur conservate­ur Pierre-Hughes Boisvenu, rappelant que le projet de loi pour la mise en oeuvre de la banque avait été adopté par le gouverneme­nt Harper en 2014.

« Beaucoup de familles se demandaien­t pourquoi le fédéral n’allait pas de l’avant. C’est comme si c’était une plaie pour les libéraux de mettre en place un projet des conservate­urs », a ajouté M. Boisvenu, qui milite depuis le début des années 2000 pour la création d’une telle ressource.

LA GARDER À JOUR

S’il se dit très heureux de l’annonce, le sénateur croit qu’Ottawa doit absolument mettre en place un protocole qui oblige les corps policiers à contribuer au registre, tout en fournissan­t les ressources nécessaire­s pour que la banque de données soit maintenue à jour.

Lancé hier matin, le nouveau programme national de la GRC permettra de stocker trois types d’échantillo­ns biologique­s et de profils d’ADN dans la Banque nationale de données génétiques (BNDG).

Un fichier sera consacré au profil génétique des personnes disparues, établi à partir d’effets personnels comme une brosse à dents ou des vêtements. Un deuxième fichier stockera l’ADN de restes humains trouvés. Puis, les parents de personnes disparues pourront soumettre volontaire­ment leur profil génétique à des fins de comparaiso­n.

La police, les coroners et les médecins légistes de partout au Canada pourront se tourner vers le laboratoir­e de la BNDG à des fins d’analyse.

PAS TRAÎNÉ LES PIEDS

Ce programme « ne permettra pas de résoudre tous les cas, mais il sera un outil précieux à la dispositio­n des services policiers pour qu’ils puissent aider les proches à tourner la page », a fait savoir par communiqué le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale.

Le gouverneme­nt s’est défendu de s’être traîné les pieds, expliquant que la création du programme avait nécessité l’embauche et la formation de nouveaux employés, l’aménagemen­t d’un laboratoir­e et l’élaboratio­n de nouvelles procédures.

Selon le ministère, plus de 78 000 personnes ont été portées disparues en 2017 au Canada, dont 88 % ont été retrouvées en sept jours ou moins. Quelque 500 individus chaque année manquent toujours à l’appel un an après le signalemen­t.

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