Deux inspecteurs pour plus de 700 puits abandonnés
Le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles est dépourvu de personnel
Seuls trois inspecteurs du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, dont un est en arrêt de travail, sont destinés à l’inspection des quelque 700 puits de pétrole et de gaz abandonnés sans surveillance partout au Québec.
« Il y a des citoyens et citoyennes qui peuvent être impactés par ça, des nappes phréatiques qui peuvent être contaminées. C’est complètement insensé et inacceptable », gronde Christian Daigle, le président du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ).
Plus de 950 puits pétroliers ou gaziers ont été forés au Québec depuis 1860 par des entreprises privées. Quelque 700 ont été abandonnés au fil des ans à la responsabilité du gouvernement provincial.
La plupart n’ont jamais été inspectés bien qu’ils soient en zones densément peuplées, parfois même sous des bâtiments, comme c’est le cas en plein centreville de Montréal, au coin de l’avenue Lincoln et de la rue Du Fort.
Pour pallier le manque d’effectif, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) a recours à la sous-traitance.
Dans deux notes internes obtenues par Le Journal, le ministère explique au syndicat avoir l’expertise pour gérer les puits inactifs, mais « pas les effectifs et les ressources nécessaires pour absorber la surcharge de travail non récurrente ».
Mais « on sait que ce n’est pas un besoin ponctuel, mais bien récurrent », soutient M. Daigle.
JUSQU’À « SIX ANS » POUR INSPECTER
« Au cours des derniers mois, 300 puits ont été recensés et une bonne partie inspectée. L’objectif est d’inspecter les 450 puits restants d’ici la fin de l’année », a indiqué le porte-parole du MERN, Nicolas Bégin.
Mais en novembre 2016, la sous-ministre à l’Énergie, Luce Asselin, a indiqué en commission parlementaire qu’il faudra entre cinq et six ans pour localiser et inspecter l’ensemble des puits de la province.
Pour y parvenir, le ministère a publié deux appels d’offres « pour obtenir les services de ressources externes en matière de puits inactifs », affirme M. Bégin.
CONFIDENTIALITÉ
La sous-traitance risque de priver les citoyens d’information sur l’état des puits, car les sous-traitants peuvent être régis par des clauses de confidentialité, craint Manon Massé, de Québec solidaire.
M. Bégin assure que son ministère est « très transparent en regard du suivi puisque les rapports sont publics ».
Mme Massé rappelle néanmoins que le MERN a sous-traité la localisation d’une centaine de puits à l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, et que le rapport qui a été produit n’a jamais été rendu public.
Les autres députés de l’opposition n’étaient pas disponibles pour répondre au Journal hier.