Un vétéran des Hells Angels recyclé dans la construction
En libération conditionnelle, l’homme est un travailleur « fiable et motivé »
Un membre notoire des Hells Angels vient d’être récompensé pour son comportement modèle depuis sa sortie de prison.
Dans son « CV » de motard, Walter Stadnick a occupé les postes de président du chapitre montréalais des Hells et président national de la bande, en plus d’avoir été l’un des neuf membres fondateurs de sa section Nomads avec Maurice « Mom » Boucher.
Toutefois, il s’est maintenant recyclé en travailleur de la construction « fiable, motivé et positif », selon la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) dans une décision rendue à son endroit au début du mois.
Âgé de 65 ans, Stadnick semble bien différent du Hells Angel dont la veste était ornée de l’écusson « Filthy Few » – une distinction octroyée aux membres qui ont tué pour leur organisation – et qui, d’après le délateur Stéphane « Godasse » Gagné, laissait son « gun sur la table » quand il sortait manger dans les brasseries du centreville de Montréal pendant la guerre des motards, qui a éclaté dans les années 1990.
FIN DU RÉGIME SEC
Stadnick, qui a reçu ses « patches » de membre en règle du chapitre de Montréal des Hells en 1982, avait été arrêté dans l’opération Printemps 2001 comme les autres Nomads de ce défunt « chapitre d’élite ».
Trouvé coupable de complot pour meurtres, de trafic de drogue et de gangstérisme à la suite d’un procès, il a écopé de 14 ans et 7 mois de pénitencier en 2004. Cette peine viendra à échéance à l’hiver 2019, mais le vétéran motard a été libéré d’office à l’automne 2014 après en avoir purgé les deux tiers.
Retourné vivre en Ontario dans sa province natale, le sexagénaire « répond à toutes les attentes » des autorités fédérales depuis qu’il a quitté le pénitencier, d’après la CLCC.
Plusieurs conditions lui avaient été imposées, dont l’interdiction de consommer de l’alcool. Pour s’assurer qu’il suivait ce régime sec, les services correctionnels lui ont fait passer des alcotests de façon aléatoire, en plus d’analyser ses échantillons d’urine. Il n’a jamais échoué à un test.
HAPPÉ PAR UN PRÊTRE
La CLCC vient donc de lever cette condition pour lui permettre de prendre une bière ou un verre de vin « avec sa conjointe et ses amis », chez lui ou au restaurant. Il ne peut cependant entrer dans les bars ni fréquenter d’individus criminalisés.
L’an dernier, la CLCC avait aussi permis à cet architecte de l’expansion des Hells à travers le Canada de recommencer à faire de la moto.
Surnommé « Nurget », il avait d’ailleurs été grièvement blessé lors d’un accident de moto survenu dans des circonstances inusitées, en septembre 1984, près de Drummondville.
En compagnie d’une quinzaine d’autres Hells, Stadnick roulait en direction d’un cimetière où un de ses confrères assassinés avait été enterré un an plus tôt. À ce moment, le pape Jean-Paul II était attendu pour sa visite au Québec.
Sans doute distrait, un prêtre qui s’en allait voir le Saint-Père a omis de s’arrêter à une intersection. Sa voiture a embouti plusieurs motos des Hells et celle de Stadnick a pris feu. Dans cet accident qui a causé la mort d’un prospect du gang, Stadnick avait été sévèrement brûlé au visage.
En 2006, le fisc lui avait réclamé une somme de 1,2 million $ correspondant à des revenus clandestins du trafic de stupéfiants. Stadnick, qui n’avait jamais déclaré plus de 35 000 $ de revenus annuels dans ses déclarations fiscales, a fait faillite deux ans plus tard.