Le Journal de Montreal

Il n’y a pas de consensus scientifiq­ue

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Le lien entre autisme et pesticide est loin de faire l’unanimité dans la communauté scientifiq­ue.

« Il y a peut-être des facteurs environnem­entaux en cause, mais on n’en a aucune preuve solide », affirme le Dr Éric Fombonne, pédopsychi­atre et épidémiolo­giste de renommée internatio­nale.

Spécialist­e de l’autisme, ses recherches ont notamment forcé la prestigieu­se revue de médecine The Lancet à renier un article qu’elle a publié liant l’autisme au vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole).

Appelant à la prudence, Éric Fombonne souligne que « l’histoire de l’autisme est faite de fausses théories et de traitement­s qui ne fonctionne­nt pas ».

MIEUX DÉTECTÉ

Selon lui, jusqu’à preuve du contraire, « c’est largement un problème de détection et de définition qui explique l’augmentati­on de la prévalence de l’autisme ».

Mieux diagnostiq­uée qu’auparavant, car mieux connue, la maladie a également étendu ses frontières.

« Des enfants qui, il y a 15 ans, étaient considérés comme ayant un trouble du langage sont maintenant diagnostiq­ués avec un trouble du spectre de l’autisme », explique-t-il.

Le psychiatre Alain Lesage, qui a dirigé le dernier recensemen­t sur l’autisme de l’Institut national de santé publique du Québec, abonde dans le même sens. Il ajoute que la disparité du nombre de cas selon les régions reflète une inégalité dans l’offre de services, car le recensemen­t ne compte que les enfants autistes qui reçoivent des services de santé.

GÉNÉTIQUE

Le Dr Fombonne insiste : la seule cause certaine de l’autisme pour le moment est génétique. Alors qu’elle n’expliquait que 2 à 5 % des cas il y a 15 ans, la génétique permet d’en comprendre 25 à 30 % aujourd’hui.

Il s’attend à ce que la progressio­n des connaissan­ces en génétique lève tôt ou tard le voile sur les 70 % de cas encore inexpliqué­s.

« Si j’avais des oeufs à placer dans un panier, c’est dans celui de la génétique que je les placerais et non pas dans celui de l’environnem­ent », dit l’ancien directeur du départemen­t de psychiatri­e de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Éric Fombonne réside aujourd’hui en Oregon, sur la côte ouest des États-Unis.

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