Il n’y a pas de consensus scientifique
Le lien entre autisme et pesticide est loin de faire l’unanimité dans la communauté scientifique.
« Il y a peut-être des facteurs environnementaux en cause, mais on n’en a aucune preuve solide », affirme le Dr Éric Fombonne, pédopsychiatre et épidémiologiste de renommée internationale.
Spécialiste de l’autisme, ses recherches ont notamment forcé la prestigieuse revue de médecine The Lancet à renier un article qu’elle a publié liant l’autisme au vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole).
Appelant à la prudence, Éric Fombonne souligne que « l’histoire de l’autisme est faite de fausses théories et de traitements qui ne fonctionnent pas ».
MIEUX DÉTECTÉ
Selon lui, jusqu’à preuve du contraire, « c’est largement un problème de détection et de définition qui explique l’augmentation de la prévalence de l’autisme ».
Mieux diagnostiquée qu’auparavant, car mieux connue, la maladie a également étendu ses frontières.
« Des enfants qui, il y a 15 ans, étaient considérés comme ayant un trouble du langage sont maintenant diagnostiqués avec un trouble du spectre de l’autisme », explique-t-il.
Le psychiatre Alain Lesage, qui a dirigé le dernier recensement sur l’autisme de l’Institut national de santé publique du Québec, abonde dans le même sens. Il ajoute que la disparité du nombre de cas selon les régions reflète une inégalité dans l’offre de services, car le recensement ne compte que les enfants autistes qui reçoivent des services de santé.
GÉNÉTIQUE
Le Dr Fombonne insiste : la seule cause certaine de l’autisme pour le moment est génétique. Alors qu’elle n’expliquait que 2 à 5 % des cas il y a 15 ans, la génétique permet d’en comprendre 25 à 30 % aujourd’hui.
Il s’attend à ce que la progression des connaissances en génétique lève tôt ou tard le voile sur les 70 % de cas encore inexpliqués.
« Si j’avais des oeufs à placer dans un panier, c’est dans celui de la génétique que je les placerais et non pas dans celui de l’environnement », dit l’ancien directeur du département de psychiatrie de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Éric Fombonne réside aujourd’hui en Oregon, sur la côte ouest des États-Unis.