Le Journal de Montreal

200$ par mois pour les nouveaux travailleu­rs

- FRANCIS HALIN

À Saint-Donat, on va jusqu’à faire un chèque de 200 $ par mois aux nouveaux travailleu­rs, en plus de donner un bonbon de plusieurs milliers $ aux commerçant­s qui déménagent dans le coin.

« Dès que quelqu’un est engagé dans le coin, on va signer un contrat avec lui et offrir de lui payer 20 % de son loyer, chaque mois, jusqu’à concurrenc­e de 200 $, par ménage, pendant un an », s’enthousias­me Karinne Poirier, directrice générale de la Chambre de commerce du Grand Saint-Donat.

La région va même rembourser l’équivalent du montant de la commission d’un agent immobilier à un entreprene­ur qui y achète une propriété. « S’il vient s’installer ici, qu’il s’achète une maison et que la commission de l’agent immobilier s’élève à 6000 $, nous lui rembourser­ons ce 6000 $ », précise-t-elle.

SITUATION CRITIQUE

Cuisiniers, serveuses, caissiers, commis… la petite municipali­té aux 80 lacs a besoin d’au moins 200 travailleu­rs de toute urgence. En période touristiqu­e, l’hiver, la population double, passant de 4000 à 8000. L’été, c’est pire encore, elle explose... par quatre.

« Notre chef cuisinier travaille sept jours sur sept, d’une noirceur à l’autre, depuis un an et demi. C’est fou, c’est complèteme­nt fou! » déplore le directeur de l’auberge l’Étoile du Nord, Robert Rivest. Dans sa MRC de Matawinie, il y a 300 postes de cuisiniers… pour un candidat.

Linda Cotton, gérante du Déli de Saint-Donat, pourrait devoir fermer son restaurant d’ici la fin mars. « Je suis pas loin de la clé sur la porte à cause du manque de personnel », se désole-t-elle.

Marie-Ève St-Amour, directrice générale de Boulangeri­e St-Donat, a cruellemen­t besoin de 25 employés. « On n’arrive plus à répondre aux demandes des clients. C’est un peu fâcheux. Les clients qui sont habitués d’avoir leur gâteau aux carottes ne l’ont pas », observe-t-elle.

PRESSION ÉTOUFFANTE

Pour le maire de Saint-Donat, la situation s’aggrave à vue d’oeil depuis deux ou trois ans. « On a la pression de nos commerçant­s », confie-t-il. Serrés jusqu’au cou, les entreprene­urs sont lavés financière­ment parce qu’ils doivent augmenter salaires et avantages pour garder leurs employés.

C’est le cas de Michel Deschamps, propriétai­re du Familiprix. « C’est une situation de crise », confie celui qui est aussi président de la Chambre de commerce du Grand Saint-Donat.

Quand M. Deschamps est forcé de prendre congé, il doit engager un pharmacien en le payant près du double… en plus d’assumer le coût de son déplacemen­t et parfois sa nuit à l’hôtel.

« Dix employés sur quinze ne veulent pas venir travailler chez moi parce que je ne veux pas les payer en dessous de la table. C’est un problème majeur, ça aussi », conclut Gaston Poirier de l’auberge La cuillère à pot qui paie ses employés jusqu’à 16 $ l’heure.

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PHOTO COURTOISIE, JOURNAL ALTITUDE La communauté d’affaires de Saint-Donat se serre les coudes pour relever le défi de la main-d’oeuvre. Le propriétai­re de l’auberge La cuillère à pot, Gaston Poirier, estime que Québec doit en faire plus pour aider financière­ment les PME (en bleu, à...

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