Le Journal de Montreal

« Insensible pour la victime », déplorent des organismes

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE

Le mépris ressenti par Martine Beaudet-Aune ne surprend pas les organismes d’aide aux victimes, qui y voient une autre démonstrat­ion du manque de considérat­ion pour les femmes agressées.

« Ce n’est pas étonnant. L’entourage des agresseurs est généraleme­nt en soutien à cette personne. Ça fait partie de la culture du viol », mentionne Stéphanie Tremblay du Regroupeme­nt québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS).

Sans se prononcer spécifique­ment sur le cas de Martine Beaudet-Aune, elle croit néanmoins que de façon générale, la société accorde plus de valeur aux agresseurs qu’aux femmes qui dénoncent leurs agissement­s.

« C’est insensible pour la victime. On peut facilement s’imaginer ce qu’elle vit actuelleme­nt », ajoute-t-elle.

« Elles ont souvent l’impression que l’on ne reconnaît pas les conséquenc­es de ce qu’elles ont vécu. Cela peut se traduire par un sentiment de profonde injustice », soutient Marie-Christine Michaud, porte-parole du réseau des Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC).

ISOLEMENT

C’est exactement ce que voulait dénoncer Martine Beaudet-Aune en racontant publiqueme­nt son histoire.

« Ils auraient dû penser au mal que les victimes doivent traverser avant d’organiser une fête », déplore-t-elle.

« Ça contribue à la banalisati­on et la normalisat­ion de la violence sexuelle, dénonce pour sa part Mme Tremblay. L’agresseur continue d’être soutenu par un réseau, alors que les victimes peuvent être marginalis­ées. »

Les deux organismes notent que ce soutien se produira généraleme­nt dans la sphère privée, loin des regards, mais que les dommages restent les mêmes.

Marie-Christine Michaud soutient que cet isolement des victimes doit enfin être brisé.

« C’est important qu’elles sachent qu’elles ne sont pas seules. Elles doivent recevoir du soutien », rappelle-t-elle.

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