Le Journal de Montreal

Une femme dénonce un party pour son agresseur

Un bar de Montréal voulait récolter de l’argent pour sa « réinsertio­n » à sa sortie de tôle

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE

Une victime d’agressions sexuelles est scandalisé­e qu’un bar de Montréal encourage la culture du viol en organisant un « party » pour amasser des fonds en prévision de la sortie de prison de l’homme qui a « anéanti » sa vie.

« J’ai vraiment eu l’impression de me faire rire dans la face, lance Martine Beaudet-Aune. C’est tellement un manque de respect envers toutes les victimes d’agression sexuelle. »

Le 6 mars dernier, deux jours avant la Journée internatio­nale des femmes, le TRHBar de Montréal organisait une soirée « Free Steve » pour amasser de l’argent pour la « réinsertio­n » d’un ancien employé de l’endroit, Steve Bouchard.

DÉLINQUANT SEXUEL

« Cet homme a anéanti ma vie », confie sa victime, qui l’a rencontré pour la première fois lorsqu’il était portier.

En mars 2017, il a été condamné à 18 mois de prison, notamment pour trois chefs d’agressions sexuelles et trois autres pour agression armée sur Mme Beaudet-Aune alors qu’ils formaient un couple.

Le juge Gilles Garneau a également ordonné qu’il figure à vie au registre des délinquant­s sexuels.

« C’est aberrant comme situation. Ils font la promotion de la culture du viol et de la maltraitan­ce envers les femmes. Dans la foulée du mouvement #MoiAussi, c’est tellement déplacé », soutient la victime, une étudiante en criminolog­ie de 25 ans.

D’autant plus que la soirée semblait se dérouler sous une thématique carcérale, selon des photos diffusées sur Facebook.

Steve Bouchard, aujourd’hui âgé de 27 ans, ne semble pas avoir appris de ses gestes commis en 2014 et 2015. Une première demande de sortie lui a été refusée par la Commission des libération­s conditionn­elles en octobre dernier puisque la « dangerosit­é sociale est présente ».

« Vos gestes de violence présents et antérieurs témoignera­ient de l’hostilité envers les femmes », ont souligné les commissair­es dans leur décision.

PROFIL DE DOMINATION

Plus loin dans le rapport, ils notent également qu’une équipe de thérapie spécialisé­e a refusé de le prendre en charge en raison de son profil de « domination, de contrôle, de violence et d’impulsivit­é dans un contexte conjugal. »

Ce qui n’a pas empêché le bar d’accepter la propositio­n de la soeur de l’agresseur d’organiser la soirée.

« Ce n’était pas mal intentionn­é ou pour banaliser ce qu’il a fait, justifie Fred Vitu, copropriét­aire du TRH-Bar. Il aura payé sa dette à la société et on voulait faire une action positive pour aider à sa réinsertio­n. »

Au final, Martine Beaudet-Aune considère qu’il n’y avait pas lieu d’en faire une fête.

« Je n’ai rien contre la réinsertio­n sociale ou qu’il soit libéré, mais il n’a jamais reconnu ses torts envers moi », déplore-t-elle.

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PHOTOS AXEL MARCHAND-LAMOTHE Martine Beaudet-Aune est toujours renversée que le TRH-Bar de Montréal ait organisé une collecte de fonds pour son agresseur.
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STEVE BOUCHARD Agresseur

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