Une autre défaite amère pour Trump
Mardi, les républicains ont perdu de justesse une élection partielle en Pennsylvanie qu’ils auraient dû gagner haut-lamain. C’est mauvais signe pour le président et son parti en cette année d’élections de mi-mandat.
Pour Donald Trump, cette défaite est personnelle. Il avait choisi d’investir à fond dans cette course, proclamait-il à un rallye près de Pittsburgh samedi, « parce que c’est la Pennsylvanie ; j’adore la Pennsylvanie ».
Le 18e district de cet État est typique de « Trumpland », l’ancien noyau industriel du pays où Trump avait concentré ses efforts pour gagner en 2016.
Ce district avait favorisé Trump par une marge de 20 points en 2016 et l’ancien représentant républicain avait gagné huit élections d’affilée. Il n’avait même pas d’opposant en 2016.
La victoire du démocrate Conor Lamb, un avocat de 33 ans et ancien membre des Marines, bien enraciné dans sa région, comporte des leçons pour les élections de novembre.
PAS DE TRUMPISME SANS TRUMP
D’abord, l’appui à Donald Trump se transpose mal aux candidats républicains. Dans huit élections partielles, ils ont obtenu moins de votes que Trump en 2016.
Comme Roy Moore en Alabama en décembre, le républicain Rick Saccone se prétendait plus trumpiste que Trump et il a perdu un château fort républicain. Même si les républicains ne peuvent se passer de l’appui de Trump lors des primaires, il pourrait être un fardeau pour eux en novembre.
LES ENJEUX LOCAUX D’ABORD
La victoire de Lamb doit beaucoup à un vieux dicton politique américain selon lequel « All politics is local ».
Le président croyait faire un bon coup avec ses tarifs sur l’acier et l’aluminium, des industries très présentes dans cette région, mais l’appui du démocrate à ces mesures a neutralisé leur effet électoral.
L’enjeu local sur lequel Lamb a marqué des points est la crise des opioïdes. Trump avait promis d’enrayer rapidement ce problème meurtrier, mais il n’a rien fait et la situation a empiré.
Conor Lamb avait aussi l’avantage de partager les valeurs sociales conservatrices de son district, tout en défendant les politiques progressistes de son parti sur la santé, le filet social, la fiscalité et les syndicats.
Pour gagner en novembre et aux présidentielles, les démocrates devront s’inspirer de cet exemple et refléter la diversité des valeurs régionales.
UNE OPPOSITION SURVOLTÉE
En cette année électorale, on parle beaucoup de l’avantage que confère aux démocrates l’enthousiasme des opposants à Trump et au programme républicain, y compris la réforme fiscale, que le républicain Saccone a préféré cacher pendant sa campagne.
Les signes de cet enthousiasme ne manquent pas, à commencer par les nombreuses manifestations monstres depuis l’élection de Trump.
Même si les partisans de Trump sont enthousiastes lors des rallyes-spectacles du Showman-enChef, la différence est que l’enthousiasme de l’opposition se traduit par une participation électorale accrue.
Aux élections de mi-mandat, le succès dépend de la capacité des partis d’amener leurs électeurs aux urnes. En 2018, cet avantage semble favoriser clairement les démocrates.