Le Journal de Montreal

Volée par le dopage

L’haltérophi­le raconte l’enfer qu’elle a vécu dans un livre

- DAVID PRINCE De la défaite à la victoire sera disponible partout au Québec le 21 mars et est publié aux éditions Z’ailées.

ROUYN-NORANDA | Toute sa carrière, l’haltérophi­le Christine Girard a dû performer contre des athlètes qui étaient dopées. Elle s’était donné la mission de prouver qu’on pouvait bien faire aux Olympiques tout en étant propre, exploit qu’elle a réalisé... quatre ans après la fin des Jeux.

Christine Girard, 33 ans, venait de terminer d’allaiter son bébé de trois mois tout en entraînant une de ses clientes haltérophi­les dans son gymnase de Vancouver lorsque son téléphone a sonné le 27 juillet 2016.

Son conjoint lui a alors appris qu’elle était championne olympique, même si les Jeux de Londres s’étaient terminés quatre ans plus tôt.

La Kazakh et la Russe qui l’avaient devancée ont toutes deux été disqualifi­ées pour dopage.

« Recevoir une médaille d’or olympique par la poste, c’est ordinaire [...] La vérité est que le drapeau de mon pays aurait dû être plus haut que les autres. C’est notre hymne national qui aurait dû jouer. C’est un moment qu’on ne pourra jamais vivre », écrit-elle dans son livre De la défaite à la victoire qui sera lancé le 21 mars.

Un mois plus tard, en août 2016, elle a appris qu’elle aurait dû gagner une médaille de bronze à Pékin en 2008 plutôt que terminer quatrième.

DÉCEPTION

Lorsqu’elle l’a su, lors d’une fête familiale, elle a eu une réaction de déception et non de joie.

« Je pensais à tout ce que ma vie aurait dû être si j’avais gagné cette médaille de bronze à Pékin. J’aurais été la première et seule médaillée canadienne pendant trois jours. Tous les médias auraient parlé de moi. J’aurais peut-être eu des commandite­s et je n’aurais peut-être pas été obligée de m’entraîner dans un abri d’auto. Ou à tout le moins, j’aurais pu le chauffer comme il faut », raconte dans son livre celle qui a maintenant trois enfants.

Un an et demi plus tard, le Comité internatio­nal olympique ne lui a toujours pas envoyé ses deux nouvelles médailles.

QUATRE ANS D’ENFER

Les quatre années qui ont suivi la déception de Pékin ont été une véritable succession de mauvaises nouvelles pour Christine Girard.

Elle a notamment dû faire affaire avec cinq entraîneur­s différents. Un de ceux-ci a même été arrêté pour abus sexuel sur une athlète mineure le jour du mariage de Christine Girard.

Après Pékin, elle faisait huit entraî-

nements par semaine tout en complétant son dernier stage comme enseignant­e de mathématiq­ues au secondaire, ce qui l’a poussée à l’épuisement profession­nel et à la dépression.

Elle a également choisi de quitter Rouyn-Noranda pour Vancouver, d’où provenait son conjoint. Mais cette décision a été très difficile au niveau sportif alors qu’elle perdait ainsi son encadremen­t. Elle s’est entraînée pratiqueme­nt en solitaire pendant les quatre années qui ont précédé les Jeux de Londres.

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PHOTO KEVIN HILL/JOURNAL DE MONTRÉAL Christine Girard enseigne maintenant l’haltérophi­lie dans un gymnase qu’elle s’est fait construire en banlieue de Vancouver. Elle devra rendre sa médaille de bronze des Jeux de Londres lorsqu’elle recevra sa médaille d’or des Jeux de 2012 et sa...
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