Le Journal de Montreal

La Ville veut retirer le nom d’un antipatrio­te, mais pas des citoyens

C’est un pan de l’histoire de la municipali­té, estime un historien

- CARL VAILLANCOU­RT

Des citoyens ne veulent pas que Chambly change le nom de la rue Colborne, un gouverneur britanniqu­e qui a ordonné la pendaison de 12 patriotes et brûlé un village en 1838.

La rue nommée en l’honneur de John Colborne disparaîtr­a le 16 avril prochain. Elle portera maintenant le nom de Ostiguy.

« Nous voulons retirer la rue Colborne, qui renvoie à un personnage qui a une histoire pas très glorieuse. Nous ne voulons pas faire son procès, mais on ne veut pas glorifier ses actes répréhensi­bles », a expliqué le maire suppléant Jean Roy.

Les résidents de la rue ne veulent rien savoir de devoir faire des démarches pour leur changement d’adresse.

Un résident de la rue, Jean-Patrice Martel, a initié une démarche pour manifester afin de faire reculer la Ville.

« Nous avons envoyé une pétition signée par 27 des 31 propriétai­res de notre rue, mais nous n’avons eu aucun retour. Le conseil ne consulte pas », a-t-il expliqué.

UNE PAGE D’HISTOIRE EFFACÉE

Selon l’historien Gilles Laporte, il est inconcevab­le de retirer le nom de Colborne de la ville de Chambly.

« C’est un pan de l’histoire de Chambly. Il était en charge de la caserne militaire comme gouverneur britanniqu­e. Si on commence à retirer les noms de l’Histoire qui ne font pas notre affaire, on a un sérieux problème », a-t-il clamé.

La Commission de la toponymie du Québec n’a pas encore donné son feu vert à la municipali­té pour changer le nom.

68 PROPRIÉTAI­RES

Malgré tout, la municipali­té de la RiveSud a envoyé cette semaine une lettre aux 68 propriétai­res, qui verront leur adresse être modifiée le 16 avril.

« Ce sont des démarches interminab­les qui nous attendent. Ça aura un impact financier et logistique sur l’entreprise de paysagemen­t de mon fils », a raconté France Laliberté, qui habite sur cette rue depuis 32 ans.

Malgré la résistance des citoyens, la municipali­té a décidé de poursuivre ses démarches. La Commission de toponymie du Québec devrait statuer sur le dossier le 26 mars prochain.

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PHOTO COURTOISIE Jean-Patrice Martel a initié une pétition où 27 des 31 foyers s’opposent à changer le nom de la rue Colborne.

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