Le Journal de Montreal

Un disciple des Nomads de « Mom » Boucher

- ERIC THIBAULT

Emprisonné en 2001 alors que la guerre des motards tirait à sa fin, Jean-Richard Larivière a ensuite rongé son frein pendant 16 ans avant de pouvoir porter la veste à l’effigie des Hells.

Dans les années 1990, ce Montréalai­s a fait partie des Rockers, le défunt club-école du chapitre d’élite Nomads des Hells qui étaient parrainés par nul autre que Maurice « Mom » Boucher. Ils livraient alors une guerre meurtrière aux Rock Machine pour prendre le contrôle du marché de la drogue.

Le 2 mai 1999, la police de Montréal avait d’ailleurs intercepté Boucher et neuf autres Nomads arborant leurs « couleurs » des Hells, escortés par Larivière et 13 autres Rockers, chevauchan­t sans gêne leur Harley Davidson en plein centre-ville, sur la rue Guy.

À l’époque, les Nomads réalisaien­t un chiffre d’affaires annuel de 100 millions $ avec la vente de stupéfiant­s dans la région de Montréal — écoulant notamment 11 kilos de cocaïne et 3 kg de haschisch par jour.

Et c’est après avoir suivi les allées et venues de « Race » Larivière que les policiers sont parvenus à le savoir, selon des documents judiciaire­s.

LA « BANQUE » DES NOMADS

Les enquêteurs avaient appris de Dany Kane — un autre membre des Rockers qui travaillai­t en fait pour la police avant de se suicider en 2000 — que Larivière contrôlait des « caches » de drogue et d’argent liquide pour le compte des Nomads. Les filatures policières ont démontré que Larivière, qui roulait en Cadillac, se rendait régulièrem­ent au 7415 de la rue Beaubien Est, à Anjou. Les policiers y sont entrés secrètemen­t pour installer micro et caméra dans ce qui s’avérait, en quelque sorte, la « banque » des Nomads. « Dans l’appartemen­t, on entendait le “ffrrttt” des machines [à compter l’argent] à longueur de journée », avait dit en cour le sergent Richard Despatie, qui avait participé à l’enquête. Le 5 décembre 2000, Larivière a gradué comme « prospect » des Nomads et pouvait s’attendre à devenir membre des Hells un an plus tard. Mais le 30 janvier suivant, les policiers ont fermé la « banque » des Nomads en y saisissant deux millions $ dans un coffre-fort, 17 millions $ en drogue et leur comptabili­té. Les Nomads ignoraient « ce qui avait amené la police à perquisiti­onner là », selon le délateur Sylvain Boulanger, mais ils savaient qu’elle préparait un gros coup de filet. Le 15 février 2001, au Holiday Inn de la rue Sherbrooke Ouest, la police a d’abord cueilli des Nomads en plein « meeting » autour de photos de motards rivaux. Jean-Richard Larivière, qui leur servait de garde du corps, a aussi été appréhendé en possession d’une arme de poing chargée. Un mois plus tard, les autres Nomads comptaient parmi les 138 arrestatio­ns de l’opération Printemps 2001. Le chapitre d’élite fondé par « Mom » Boucher a été aboli en 2004.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? La police avait saisi plus de 2 millions $ dans ce coffre-fort qui se trouvait dans un appartemen­t servant de cache d’argent et de drogue aux Hells du chapitre Nomads, en janvier 2001, sur la rue Beaubien Est, à Anjou.
PHOTO D’ARCHIVES La police avait saisi plus de 2 millions $ dans ce coffre-fort qui se trouvait dans un appartemen­t servant de cache d’argent et de drogue aux Hells du chapitre Nomads, en janvier 2001, sur la rue Beaubien Est, à Anjou.

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