Le Journal de Montreal

« C’est le coût de faire de la business »

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Si certaines dépenses d’Ottawa pour accueillir des dignitaire­s étrangers peuvent sembler frivoles ou excessives, de nombreux experts assurent qu’il ne faut pas compter les dollars lorsqu’on tente de faire bonne impression auprès des visiteurs d’importance.

« L’organisati­on d’une telle visite, c’est un effort monumental. Il y a toujours un objectif derrière ces visites, que ce soit d’améliorer les liens entre deux pays ou illustrer la qualité de la relation. Donc on veut bien paraître et impression­ner les invités. C’est le coût de faire de la business », explique Ferry De Kerckhove, ancien ambassadeu­r canadien.

D’ailleurs, le diplomates canadiens à l’étranger deviennent des sources valables d’informatio­n pour plaire à un dignitaire lors d’une visite.

« Qu’est-ce que ce le dignitaire étranger aime? Certaines fleurs, ou certains plats, par exemple? L’organisati­on des visites repose beaucoup sur ce que nos diplomates nous disent au sujet des goûts de nos visiteurs », a indiqué un ancien haut placé du gouverneme­nt Harper qui assistait à l’organisati­on de telles visites. Celui-ci a demandé l’anonymat, car il n’a pas l’autorisati­on de parler de ce sujet aux médias.

Dans le cas du voyage de Joe Biden, les organisate­urs canadiens ont insisté pour que les centres de table du souper d’honneur aient des fleurs aux couleurs du drapeau américain (voir autre texte).

Selon M. De Kerckhove, les visites de dirigeants américains sont toujours « exponentie­llement » plus chères, notamment à cause du nombre important de personnel voyageur et des exigences de sécurité «faramineus­es».

DONNANT-DONNANT

Or, le Canada perd rarement au change lors de l’organisati­on, car nos diplomates reçoivent généraleme­nt un traitement aux petits oignons semblable lorsqu’ils visitent un pays étranger.

«Chaque pays veut impression­ner les visiteurs d’importance, et il y a de nombreuses règles écrites et non écrites de protocole internatio­nal qui s’appliquent aussi lorsque les Canadiens vont à l’étranger. Donc finalement, on reçoit autant qu’on dépense», analyse Frank Cross, consultant dans le domaine des voyages protocolai­res.

Par exemple, c’est Ottawa qui a payé près de 2000 $ pour les cinq chambres d’hôtel utilisées par le vice-président Biden et son personnel lors de son voyage en décembre 2016.

« Mais lorsque le premier ministre ou même un ministre canadien effectue un voyage officiel à l’étranger, c’est presque toujours l’hôte qui va assumer les coûts d’hébergemen­t. Donc c’est donnant-donnant », ajoute M. De Kerckhove.

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