Le Journal de Montreal

Le rayon de soleil s’éclipse

- ALAIN BERGERON

Les papillons que portera en elle Marianne St-Gelais avant sa dernière course, aujourd’hui, il y en aura sans doute autant dans un coin de l’aréna Maurice-Richard. Pour Francine Privé et Gaétan St-Gelais, ce sera aussi la fin d’une carrière.

De ses premiers pas maladroits sur la glace de Saint-Félicien jusqu’à ses troisièmes Jeux olympiques, ils l’ont accompagné­e. Ils n’allaient pas rater ce jour où elle dira adieu à son sport. Avant même que tout soit fini, la première image qui leur vient en tête est déjà trouvée pour illustrer l’empreinte qu’ils souhaitent que les gens retiennent de leur grande fille.

« C’est un rayon de vie. Un rayon de soleil », dit spontanéme­nt sa mère.

LE PLAISIR DANS LE TRAVAIL

Ce que l’aînée de l’équipe canadienne a inculqué depuis son arrivée, il y a 10 ans, c’est cette même culture du travail dans le plaisir qu’on défend chez les St-Gelais. Tout projet mérite d’être bien fait, mais surtout en s’amusant.

« Quand elle est arrivée dans l’équipe, à 17 ans, il y a même des entraîneur­s qui ne la voyaient pas là. On ne la trouvait pas assez sérieuse. Mais elle n’a pas embarqué dans le moule. Elle a apporté son propre style. Elle a plutôt été fidèle à elle-même en disant : peut-on avoir du plaisir dans ce qu’on fait ? » raconte fièrement le paternel.

UNE AMITIÉ CONSTRUITE

Son souci du détail dans l’entraîneme­nt et son côté boute-entrain dans le groupe auront été sa marque de commerce.

« Quand je réfléchis à tout ça, je pense aux bons souvenirs qu’on a eus dans les quatre dernières années. On a réussi à construire une amitié. C’est toujours plus difficile de devenir des super amis entre un entraîneur et une athlète, mais on a développé un respect assez élevé pour dire qu’on a construit ensemble une amitié », affirme Frédéric Blackburn, qui dirige l’équipe canadienne féminine.

EN FAMILLE

Toute la famille St-Gelais est réunie pour ce dernier week-end. Une frousse s’est emparée d’eux quand leur favorite a embouti un matelas protecteur en demi-finale du 500 m. Plus tard, on apprendra que son absence du relais se voulait une mesure préventive.

« Ça va me prendre quelque chose de vraiment gros pour me faire rater la dernière journée », a-t-elle avoué, sans besoin de nous convaincre.

Sa dernière soirée à titre de patineuse internatio­nale lui aura permis de faire le plein avant les heures émotives qui l’attendent pour son dernier tour de piste. Dans la foule, Francine Privé et Gaétan St-Gelais ressentiro­nt ce salut à l’athlète quand les 4500 spectateur­s l’applaudiro­nt. Au fond d’eux, ils verront aussi leur fille restée fidèle à elle-même.

« Quand Marianne vient à la maison, ce n’est pas une athlète olympique. C’est la deuxième enfant de notre famille », rappelle la maman du nid.

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PHOTO MARTIN CHEVALIER Avant le tourbillon d’émotions qui s’annonce pour sa dernière journée en carrière, Marianne St-Gelais s’est accordé du calme avec ses parents Gaétan et Francine entre deux courses hier.

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