Le Journal de Montreal

Chayka a une stratégie pour relancer les Coyotes

Le Journal a rencontré le jeune directeur général des Coyotes de l’Arizona

- l∫ Jean-François Chaumont JFChaumont­JDM c jean-francois.chaumont @quebecorme­dia.com

GLENDALE | Lou Lamoriello reste le parrain et le doyen des directeurs généraux de la LNH à 75 ans. David Poile a aussi une tonne d’expérience à 68 ans, lui qui occupe le siège de DG des Predators de Nashville depuis 1997. Dans ce monde assez conservate­ur, John Chayka sort de l’ordinaire.

Chayka fait figure d’un enfant parmi ses collègues qui traînent souvent une réputation de dinosaures. Les Coyotes de l’Arizona lui ont confié le poste de directeur général au mois de mai 2016. Il avait alors 26 ans.

Près de deux ans plus tard, Chayka reste encore le bébé de sa profession. Mais à ses yeux, l’âge n’est qu’un chiffre. À la rencontre des DG de la LNH qui se déroule à Boca Raton en Floride cette semaine, le jeune homme assure qu’il ne sera pas intimidé.

« L’âge n’a rien à voir, a martelé l’Ontarien lors d’une généreuse entrevue téléphoniq­ue au Journal de Montréal. J’acceptais le poste de directeur général d’une équipe en reconstruc­tion. C’était ça le plus grand défi.

« Nous avons établi une stratégie pour redevenir une équipe compétitiv­e et un jour aspirer à la coupe Stanley, a-t-il poursuivi. Il faut de la patience pour y arriver et un plan précis. Nous avons une vision et nous désirons la respecter même s’il y a eu peu de progrès cette saison. Je désire construire une équipe gagnante. Mais ça ne se fait pas en cliquant des doigts. »

LA PATIENCE

Les Coyotes ne graveront pas leur nom pour une première fois sur le précieux trophée cette saison. Loin de là. Ils occupent le 31e et dernier rang de la LNH avec 50 points, un de moins que les Sabres de Buffalo.

« Je sais que nous finirons par miser sur une bonne équipe, a répliqué le diplômé en finances de l’Université Western Ontario. Quand nous aurons de bons jours, les gens oublieront les années misérables. Les grosses équipes des dernières années dans la LNH, les Penguins, les Hawks, les Kings et les Bruins, elles ont toutes connu des années difficiles avant de gagner. C’est un processus normal. Elles ont construit avec de gros choix au repêchage.

« Nous n’avons pas un bon dossier, mais nous jouons mieux depuis quelques mois. Nous avons aussi la meilleure équipe de la Ligue américaine dans la division Pacifique à Tucson. Il y a un bon noyau et les jeunes apprennent à gagner. Il faut de la patience pour assembler une bonne équipe dans la LNH. »

UN GOUROU DES STATISTIQU­ES

« Quand les Coyotes ont engagé John, il n’y avait pas un débat au sein de la confrérie sur son âge même s’il devenait le plus jeune de l’histoire. Le débat était plus sur sa stratégie et son approche avec les statistiqu­es avancées. Il y avait une curiosité de voir si son plan pouvait marcher. »

Un dirigeant influent au sein de la LNH, qui a préféré garder l’anonymat, a fait cette analyse en décrivant les débuts de son jeune collègue.

« Il n’y a personne qui a sursauté quand nous avons appris qu’un jeune de 26 ans venait d’obtenir un poste de DG, a affirmé au Journal un directeur général d’une équipe de l’Associatio­n de l’Est. Ça ne représenta­it pas un grand sujet au sein de la confrérie. Il n’y a pas eu de moqueries non plus. »

À ses débuts avec les Coyotes, Chayka promettait une approche différente, basée sur les statistiqu­es avancées. Avant de se joindre à l’équipe en 20152016 dans un rôle de DG adjoint à Don Maloney, il était l’un des cofondateu­rs de la compagnie d’analyse de données Stathletes.

Sa philosophi­e et son amour des chiffres ont représenté un plus grand choc au sein de la confrérie que son âge.

« Je crois qu’il a un peu ralenti avec les analytique­s, a noté le DG d’une formation de l’Est qui a demandé à garder l’anonymat. Il doit comprendre que tu ne bâtis pas une équipe uniquement sur des chiffres. Tu dois en tenir compte, tu dois t’en servir comme outils, mais ça reste un facteur dans un ensemble de choses à considérer. »

UN MIRACLE IMPOSSIBLE

Chayka n’a pas changé sa vision. Il croit encore à sa propre doctrine.

« Je considère les statistiqu­es avancées comme un outil essentiel, a-t-il précisé. Quand tu fais bien les choses et que tu étudies bien les analytique­s, ça te donne des armes supplément­aires pour mieux connaître un joueur. Il faut un équilibre entre les chiffres et ce qui ne se calcule pas. Il y a des pour et des contre avec les stats avancées. Ce n’est pas une religion.

« Depuis quelques années, le hockey est en pleine croissance pour l’analyse de différente­s données. On obtient de plus en plus d’informatio­ns. J’ai comme philosophi­e d’utiliser les informatio­ns disponible­s, c’est mon devoir de le faire. Je ne peux pas les ignorer. »

Sans jamais le dire ouvertemen­t, certains DG de la LNH espéraient voir cette révolution des statistiqu­es mourir rapidement. En Arizona, les Coyotes n’ont pas encore changé le monde du hockey. Mais il ne faudrait pas tomber dans le piège de juger ce jeune DG trop rapidement.

« Il ne faut pas oublier qu’il a pris une équipe en reconstruc­tion, a rappelé notre homme influent du milieu du hockey. Ça prend toujours du temps et de la patience pour replacer une formation sur la bonne voie. Il travaille aussi dans un marché où il y a une grande incertitud­e.

« On se pose des questions sur les propriétai­res et sur l’endroit où l’équipe jouera dans le futur, a-t-il enchaîné. C’est pratiqueme­nt impossible d’attirer des joueurs de renom dans un contexte semblable. Tu ne peux pas faire de miracles quand tu composes avec un budget du tiers-monde comparativ­ement à d’autres formations. »

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