Le Journal de Montreal

Jusqu’à 29 milliards $ en prêts aux clients de Bombardier

Exportatio­n et développem­ent Canada facilite les ventes de la firme québécoise

- PHILIPPE ORFALI

Exportatio­n et développem­ent Canada (EDC) a accordé depuis 10 ans des prêts d’une valeur totale de 14 à 29 milliards de dollars à des clients de Bombardier, révèlent les livres de la société d’État.

Alors qu’EDC est plongée dans une controvers­e en Afrique du Sud pour un prêt qu’elle a accordé à un client controvers­é de Bombardier (voir encadré), les données de cette agence de crédit à l’exportatio­n font état de 140 transactio­ns semblables depuis 10 ans.

Petits (5 M$) ou grands (jusqu’à 1 G$ dans le cas de grandes sociétés aériennes), ces prêts ont servi à financer l’achat d’avions ou de matériel ferroviair­e. On parle tantôt de jets privés, comme dans le cas de la famille Gupta, tantôt d’importants achats d’avions C Series.

Plusieurs grandes compagnies aériennes comme Delta Airlines, Quantas et Porter font partie des compagnies qui ont emprunté chez EDC. On retrouve aussi des clients plus méconnus établis en Côte d’Ivoire, en Chine et au Guatemala.

DONNÉES INCONNUES

Dans certains cas, il est impossible de savoir qui a acheté l’avion à partir des données fournies par EDC, car les transactio­ns se sont faites par l’entremise d’un tiers.

Comme EDC ne précise qu’une fourchette de prix pour le montant du prêt, il est impossible de connaître les sommes exactes qui ont été prêtées.

Le montant de la dette impayée des compagnies qui bénéficien­t du financemen­t d’EDC pour acheter des avions de Bombardier s’élève en ce moment à 12 milliards de dollars, soit 10 % du portefeuil­le de prêts non remboursés d’EDC, précise toutefois une porte-parole.

EDC peut financer de 80 % à 85 % du prix de vente de l’avion et est remboursée avec intérêts. « Le taux d’intérêt est calculé en prenant une multitude de taux basés sur les prix du marché et la cote de risque », explique Elise Dedekam.

Dans le cas de la famille Gupta, par contre, EDC a été incapable de récupérer son argent… ou l’avion acheté avec.

ENQUÊTE CRIMINELLE

L’enquête criminelle se poursuit en Afrique du Sud. Pendant ce temps, EDC explique faire des pieds et des mains pour retrouver l’avion de cette famille soupçonnée de corruption.

« Nous fonctionno­ns de la même façon qu’une banque commercial­e, c’est-à-dire qu’en cas de défaut, nous exerçons nos droits légaux de prêteur sur les garanties se rattachant à la transactio­n. Le processus serait le même si une personne ne remboursai­t pas son prêt hypothécai­re ou auto », dit Mme Dedekam.

Les prêts sur lesquels il y a défaut de paiement représente­nt « environ 1,8 % » du portefeuil­le de prêts de la société d’État. « C’est assez bas par rapport à nos pairs internatio­naux et bas par rapport [aux institutio­ns financière­s] du secteur privé », se défend la porte-parole.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Un aperçu du modèle Global 6000, lors d’une visite de l’appareil à la suite de l’assemblée annuelle et extraordin­aire des actionnair­es de la compagnie Bombardier, à Mirabel, le 29 avril 2016. Ajay Gupta avait acheté un avion de ce type en 2014.
PHOTO D’ARCHIVES Un aperçu du modèle Global 6000, lors d’une visite de l’appareil à la suite de l’assemblée annuelle et extraordin­aire des actionnair­es de la compagnie Bombardier, à Mirabel, le 29 avril 2016. Ajay Gupta avait acheté un avion de ce type en 2014.

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