Jusqu’à 29 milliards $ en prêts aux clients de Bombardier
Exportation et développement Canada facilite les ventes de la firme québécoise
Exportation et développement Canada (EDC) a accordé depuis 10 ans des prêts d’une valeur totale de 14 à 29 milliards de dollars à des clients de Bombardier, révèlent les livres de la société d’État.
Alors qu’EDC est plongée dans une controverse en Afrique du Sud pour un prêt qu’elle a accordé à un client controversé de Bombardier (voir encadré), les données de cette agence de crédit à l’exportation font état de 140 transactions semblables depuis 10 ans.
Petits (5 M$) ou grands (jusqu’à 1 G$ dans le cas de grandes sociétés aériennes), ces prêts ont servi à financer l’achat d’avions ou de matériel ferroviaire. On parle tantôt de jets privés, comme dans le cas de la famille Gupta, tantôt d’importants achats d’avions C Series.
Plusieurs grandes compagnies aériennes comme Delta Airlines, Quantas et Porter font partie des compagnies qui ont emprunté chez EDC. On retrouve aussi des clients plus méconnus établis en Côte d’Ivoire, en Chine et au Guatemala.
DONNÉES INCONNUES
Dans certains cas, il est impossible de savoir qui a acheté l’avion à partir des données fournies par EDC, car les transactions se sont faites par l’entremise d’un tiers.
Comme EDC ne précise qu’une fourchette de prix pour le montant du prêt, il est impossible de connaître les sommes exactes qui ont été prêtées.
Le montant de la dette impayée des compagnies qui bénéficient du financement d’EDC pour acheter des avions de Bombardier s’élève en ce moment à 12 milliards de dollars, soit 10 % du portefeuille de prêts non remboursés d’EDC, précise toutefois une porte-parole.
EDC peut financer de 80 % à 85 % du prix de vente de l’avion et est remboursée avec intérêts. « Le taux d’intérêt est calculé en prenant une multitude de taux basés sur les prix du marché et la cote de risque », explique Elise Dedekam.
Dans le cas de la famille Gupta, par contre, EDC a été incapable de récupérer son argent… ou l’avion acheté avec.
ENQUÊTE CRIMINELLE
L’enquête criminelle se poursuit en Afrique du Sud. Pendant ce temps, EDC explique faire des pieds et des mains pour retrouver l’avion de cette famille soupçonnée de corruption.
« Nous fonctionnons de la même façon qu’une banque commerciale, c’est-à-dire qu’en cas de défaut, nous exerçons nos droits légaux de prêteur sur les garanties se rattachant à la transaction. Le processus serait le même si une personne ne remboursait pas son prêt hypothécaire ou auto », dit Mme Dedekam.
Les prêts sur lesquels il y a défaut de paiement représentent « environ 1,8 % » du portefeuille de prêts de la société d’État. « C’est assez bas par rapport à nos pairs internationaux et bas par rapport [aux institutions financières] du secteur privé », se défend la porte-parole.